La Banque mondiale met en garde contre une « crise de l’apprentissage » dans l’éducation mondiale

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Le Rapport sur le développement dans le monde 2018 appelle à mettre davantage l’accent sur les évaluations et à fonder l’action sur des données factuelles

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, des millions de jeunes élèves courent le risque de rater des opportunités et de percevoir de bas salaires plus tard dans la vie parce que leurs écoles primaires et secondaires ne parviennent pas à leur donner l’éducation dont ils ont besoin pour réussir. Mettant en garde contre une « crise de l’apprentissage » dans l’éducation mondiale, un nouveau rapport de la Banque mondiale soutient que sans apprentissage, la scolarisation n’est pas seulement une occasion manquée, elle est également une grosse injustice pour les enfants et les jeunes du monde entier.

Le Rapport sur le développement dans le monde 2018 : « Apprendre pour réaliser la promesse de l’éducation » (ou WDR 2018fait valoir que sans apprentissage, l’éducation ne pourra pas réaliser sa promesse d’élimination de la pauvreté et de promotion des mêmes chances et d’une prospérité partagée pour tous. Même après avoir passé plusieurs années sur les bancs de l’école, des millions d’enfants ne peuvent ni lire, ni écrire, ni effectuer des opérations de mathématiques élémentaires. Cette crise de l’apprentissage élargit les disparités sociales au lieu de les rétrécir. Les jeunes élèves déjà défavorisés par la pauvreté, les conflits, leur genre ou un handicap entrent dans la vie adulte sans avoir acquis ne seraient-ce que les compétences de base.

Pour le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim« cette crise de l’apprentissage est d’ordre moral et économique. Lorsqu’elle est fournie de manière satisfaisante, l’éducation fait entrevoir la perspective d’un emploi, de meilleurs revenus et d’une existence en bonne santé et à l’abri de la pauvreté pour les jeunes. Pour la communauté, elle stimule l’innovation, renforce les institutions et consolide la cohésion sociale. Mais ces bienfaits dépendent des connaissances acquises ; et sans apprentissage, la scolarisation est une occasion manquée. Pire encore, elle est une grosse injustice : les enfants les plus défavorisés de la société sont ceux qui ont le plus besoin d’une bonne éducation pour réussir dans la vie ».

Le rapport recommande des mesures concrètes pour aider les pays en développement à résoudre cette terrible crise de l’apprentissage en renforçant les évaluations des acquis scolaires ; en s’appuyant sur les données concernant ce qui marche et ce qui ne marche pas pour orienter les décisions dans le domaine de l’éducation ; et en impulsant une forte dynamique sociale dans le but de susciter une réforme visant à mettre l’objectif « d’apprentissage pour tous » au centre de l’éducation.

Selon le rapport, lorsqu’on a demandé récemment à des élèves de troisième année du primaire au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda de lire en anglais ou en swahili une phrase du genre « le nom du chien est Fido », trois quarts n’ont pas compris ce que cela voulait dire. Dans les campagnes indiennes, près de trois quarts des élèves de troisième année du primaire n’ont pas pu faire une opération de soustraction à deux chiffres comme dans « 46 – 17 ». En cinquième année du primaire, la moitié en était toujours incapable. Bien que les compétences des Brésiliens âgés de 15 ans se soient améliorées, vu leur rythme actuel d’évolution, ils n’atteindront pas la note moyenne en mathématiques des pays riches avant 75 ans, et il leur faudra 263 ans pour la lecture.

Encore que ces chiffres ne tiennent pas compte des 260 millions d’enfants qui, du fait de conflits, de discriminations, de handicaps et d’autres obstacles, ne sont inscrits ni dans le primaire ni dans le secondaire.

Conflits, discriminations, handicaps et autres obstacles : 260 millions d’enfants ne sont pas scolarisés

Bien que tous les pays en développement n’affichent pas des résultats aussi déprimants, beaucoup sont largement à la traine de ce qu’ils ambitionnent. Des évaluations internationales de référence en matière de lecture, de calcul et d’écriture révèlent que les notes de l’élève moyen d’un pays pauvre sont inférieures à celles de 95 % des élèves de pays à revenu élevé — ce qui signifie qu’un tel élève serait admis à un programme de remise à niveau dans un pays à revenu élevé. De nombreux élèves affichant d’excellentes performances dans certains pays à revenu intermédiaire — garçons et filles se classant dans le quartile supérieur de leur cohorte — se retrouveraient dans le quartile inférieur des élèves d’un pays plus riche.

Rédigé par une équipe dirigée par Deon Filmer et Halsey Rogers,économistes principaux à la Banque mondiale, ce rapport pointe les éléments déterminants du déficit d’apprentissage en faisant ressortir non seulement les manifestations de la rupture entre l’enseignement et l’apprentissage dans un trop grand nombre d’établissements scolaires, mais aussi les facteurs politiques plus profonds qui font perdurer cette situation.

Il est possible de réaliser des progrès importants 

Le rapport révèle que lorsque « l’apprentissage pour tous » devient une priorité pour les pays et leurs dirigeants, on peut améliorer considérablement les normes en matière d’éducation. À titre d’illustration, la Corée du Sud est parvenue en 1995 à une scolarisation universelle dans un système d’enseignement de qualité jusqu’au secondaire – ses jeunes étant classés au plus haut niveau par les évaluations internationales des performances scolaires – alors qu’elle était déchirée par la guerre et avait un très faible taux d’alphabétisation au début des années 50. Les résultats du Viet Nam à un test de suivi des acquis des élèves du second cycle du secondaire en mathématiques, science et lecture de l’OCDE (dénommé PISA) réalisé en 2012 ont montré que ses jeunes de 15 ans avaient le même niveau que ceux d’Allemagne, alors même que le Viet Nam est un pays nettement plus pauvre.

Grâce à une action concertée des pouvoirs publics, le Pérou a enregistré l’un des taux de croissance les plus rapides des résultats scolaires globaux entre 2009 et 2015. Dans plusieurs pays comme le Libéria, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Tonga, la lecture dans les premières classes du primaire s’est considérablement améliorée en un temps record moyennant des actions ciblées reposant sur des données factuelles et des preuves solides.

« Le seul moyen de faire des progrès est de “rechercher la vérité à partir des faits”. Si nous nous y employons, nous trouverons que les faits concernant l’éducation révèlent une triste réalité. Pour un trop grand nombre d’enfants, scolarisation n’est pas synonyme d’apprentissage », déclare l’économiste en chef de la Banque mondiale, Paul Romer.

S’appuyant sur des données factuelles et des conseils recueillis durant des consultations approfondies menées dans 20 pays et associant des représentants de l’administration, d’organismes d’aide au développement, d’instituts de recherche, d’OSC et du secteur privé, le rapport énonce trois approches stratégiques :

Premièrement : apprécier les acquis pour faire de l’apprentissage un objectif sérieux.

Seule la moitié des pays dispose de critères d’appréciation permettant d’évaluer les acquis à la fin du primaire et du premier cycle du secondaire. Des évaluations bien conçues peuvent aider les enseignants à orienter les élèves, améliorer la gestion du système et amener la société à s’intéresser à l’apprentissage. Ces évaluations sont de nature à éclairer les choix stratégiques, mesurer les progrès et identifier les enfants à la traine.

Deuxièmement : mettre l’école au service de l’ensemble des apprenants.

Uniformiser les règles du jeu en réduisant le retard de croissance et en favorisant le développement des fonctions cérébrales par la nutrition et la stimulation précoces afin que les enfants soient disposés à apprendre au moment où ils commencent l’école. Attirer des talents dans l’enseignement et entretenir leur motivation en offrant aux enseignants une formation adaptée qui est renforcée par le concours de mentors. Déployer des technologies qui permettent aux enseignants d’enseigner en tenant compte du niveau de l’élève et renforcer les capacités de gestion des établissements scolaires, notamment celles des directeurs d’école.

Troisièmement, mobiliser tous ceux qui ont un intérêt dans l’apprentissage.

Recourir à l’information et aux indicateurs pour mobiliser les citoyens, accroître l’éthique de responsabilité et créer une volonté politique en faveur de la réforme de l’éducation. Associer les parties concernées, y compris les milieux d’affaires, à toutes les étapes de la réforme, de sa conception à sa mise en œuvre.

« Les pays en développement sont loin du niveau auquel ils devraient se trouver en matière d’apprentissage. Beaucoup n’y consacrent pas suffisamment de moyens financiers, et la majeure partie doit investir plus efficacement. Mais il ne s’agit pas simplement d’argent : les pays doivent aussi investir dans les capacités des institutions et des individus chargés d’éduquer nos enfants », affirme Jaime Saavedra, un ancien ministre de l’Éducation au Pérou désormais directeur principal pour l’éducation à la Banque mondiale. « Une réforme de l’éducation est nécessaire d’urgence et demande de la persévérance et un alignement politique de la part des pouvoirs publics, des médias, des entrepreneurs, des enseignants, des parents et des élèves. Tous doivent valoriser et exiger un apprentissage de meilleure qualité. »

 

Banque mondiale – Renforcer la résilience en tirant les leçons des catastrophes naturelles – PAR CHRISTELLE CHAPOY

BM.jpgDans les Caraïbes, les tempêtes deviennent la « nouvelle norme ».

Un mois à peine après le passage dévastateur des ouragans Irma et Maria sur les Caraïbes, qui ont touché des millions d’habitants, les petites îles de la région n’ont pas d’autre choix que de reconstruire, mais en mieux : face à la récurrence accrue de ces phénomènes, il apparaît en effet indispensable de rendre les bâtiments plus solides et mieux adaptés à cette nouvelle réalité. La saison 2017 aura été particulièrement active de ce point de vue, avec une succession inédite de dix tempêtes se hissant dans la catégorie des ouragans.

Un message a dominé les rencontres entre délégués venus des Caraïbes et partenaires internationaux le mois dernier, pendant les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI : le fait que ces catastrophes pouvaient marquer un tournant décisif dans les efforts de renforcement de la résilience et servir à planifier un avenir plus durable. Le Premier ministre de la Grenade, M. Mitchell, a rappelé la détermination de son pays à reconstruire en mieux après le passage de l’ouragan Ivan, en 2004 : « Pour qu’une crise serve à quelque chose, il faut en tirer tous les enseignements », a-t-il déclaré.

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Chaque année, les catastrophes naturelles piègent près de 26 millions d’individus dans l’extrême pauvreté.

À l’échelle mondiale, les catastrophes naturelles font basculer près de 26 millions d’individus dans l’extrême pauvreté chaque année. Dans les Caraïbes, en particulier, les catastrophes naturelles ont amputé de plus de 50 % le PIB annuel de huit pays depuis 1980. Dans des territoires aussi réduits que ces petites îles, c’est la population entière qui est touchée.

Les premières estimations des pertes provoquées par Irma à Antigua-et-Barbuda tournent autour de 15 % du PIB sachant que, sur Barbuda, plus de 90 % des infrastructures ont été endommagées et que l’essentiel du réseau électrique et de communication doit être remis sur pied. À la Dominique, elle aussi frappée par Irma, les évaluations sont toujours en cours mais les pertes devraient être supérieures à 1 milliard de dollars, soit 200 % du PIB du pays.

Dans ces conditions, comment faire en sorte que les petits États insulaires des Caraïbes renforcent leur résilience et confortent leur avenir ?

Roosevelt Skerrit, Premier ministre de la Dominique, entend faire de son pays la première nation de la planète « à l’épreuve du climat », et pour cause : « Nous n’avons pas le choix : notre île sera toujours située sur la route des ouragans… Nous ne pouvons pas la déplacer. »

Appel à des solutions novatrices de long terme

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À Barbuda, l’ouragan Irma a détruit près de 90 % des infrastructures.

Alors que la Dominique comme d’autres îles des Caraïbes fixent les priorités de la reconstruction autour des enjeux de la résilience économique et sociale, le président et la directrice générale du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim et Kristalina Georgieva, ont appelé à mobiliser des sources novatrices de financement des risques et à revoir les politiques de financement concessionnel pour les petits États victimes de ces tempêtes.

« Le Groupe de la Banque mondiale s’efforce d’accélérer son temps de réaction. Pour la Dominique, notre objectif est d’apporter une enveloppe financière de 100 millions de dollars environ, y compris via le mécanisme de réponse aux crises de l’IDA. Dans le cas d’Antigua-et-Barbuda, nous travaillons à une nouvelle opération d’urgence de 40 millions de dollars », a déclaré Jim Yong Kim.

La reconstruction est l’occasion de construire mieux, avec des structures capables de résister à des vents violents, mais aussi des routes, des ponts et des réseaux électriques qui pourront supporter la prochaine tempête. Dans l’immédiat, il s’agit d’aider les habitants à surmonter le choc à travers des programmes de travail contre rémunération ou des filets sociaux adaptatifs qui les aideront à reprendre pied.

Mais les petites économies des Caraïbes sont déjà pénalisées par une extrême vulnérabilité, une croissance atone et un endettement important. Il faut donc envisager de nouvelles sources de financement, comme des instruments novateurs permettant de mieux gérer les risques budgétaires ou la mobilisation du secteur privé et de son ingéniosité.

Au moment où les pays s’efforcent de rebondir sur des bases plus solides, c’est l’occasion ou jamais pour eux de devenir des champions de la résilience et de l’adaptation au changement climatique.

Christelle Chapoy est responsable de la Communication  pour les Caraïbes. Après avoir BM 3été  responsable de la politique de l’Initiative internationale pour « impact Evaluation » (3ie) et a eu plus de 15 ans d’expérience dans la défense des intérêts et de la communication pour le développement avec des organisations comme Oxfam et le PNUD.

 

Banque mondiale – Comment utiliser les TIC pour mieux gérer le secteur de l’éducation dans les pays fragiles ? – par Maria Amelina

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Des solutions mobiles qui améliorent la gestion du système éducatif

Observons ensemble ces images : dans la première, des villageois examinent une affiche ; dans la deuxième, des enseignants ajoutent des chiffres à des affiches similaires et dans la troisième, des fonctionnaires choisissent des modèles d’interface avec l’aide d’un technicien. Aucune de ces images ne montre à proprement parler quelque chose que l’on pourrait qualifier de « technologie de pointe ». Elles représentent pourtant chacune une étape d’un projet innovant et insolite.

Un projet qui a introduit des innovations technologiques dans la vie des citoyens et incite les fonctionnaires à être à l’écoute de ces citoyens et de répondre à leurs attentes.

Il s’agit d’Allô, École ! une plateforme éducative mobile financée par l’Agence belge de développement et mise en œuvre par le ministère de l’éducation nationale de la République démocratique du Congo (RDC), avec l’aide de la Banque mondiale.

À l’heure actuelle, cette plateforme offre trois fonctionnalités :

Elle diffuse des messages du ministère auprès des services déconcentrésdes enseignants, des directeurs d’établissement scolaire et des parents d’élèves. Des messages oraux (indispensables aux parents analphabètes) et des textos annoncent par exemple la prochaine distribution de manuels scolaires ou le prélèvement des frais de scolarité. La RDC, dont le territoire immense équivaut à la taille de l’Europe occidentale, possède une infrastructure routière extrêmement limitée qui complique la communication entre Kinshasa, la capitale, et le reste du pays. Surfant sur la vague du mobile, dont la pénétration sur le marché local ne cesse d’augmenter, cette plateforme permet de gagner du temps et de réduire les distances en interconnectant toutes les parties prenantes du secteur éducatif.

Elle améliore la gouvernance et réalise des sondages en envoyant de petits questionnaires et gère rapidement les réponses. Le ministère peut par exemple, envoyer un message à ses services déconcentrés pour fournir les nouveaux barèmes nationaux des frais de scolarité à appliquer à la prochaine rentrée et réclamer un accusé de réception. Comme elles sont enregistrées sur la plateforme, les réponses ont valeur officielle et dissuadent certains fonctionnaires de surfacturer les parents. Autre exemple : l’administration centrale peut effectuer une enquête auprès des directeurs d’établissement pour comparer le nombre d’élèves au nombre de manuels disponibles. L’analyse des données recueillies permet de mieux cibler les politiques publiques et les actions sur le terrain.

Elle permet d’échanger avec les parents au sujet de l’éducation de leurs enfants. Par exemple, en recoupant les informations obtenues auprès du directeur d’établissement concernant les manuels scolaires, avec les réponses fournies directement par les parents sur l’utilisation de ces manuels dans la salle de classe de leur enfant, le ministère peut entreprendre des actions pour remédier à un éventuel problème.

Mais est-ce facile de faire fonctionner une plateforme mobile de communication et de responsabilisation ? Allons fouiner un peu dans les coulisses de la mise en œuvre de ce type de projet. Il s’agit en fait d’une pièce en plusieurs actes, qui exige une certaine dose d’art et de science, avec au final un meilleur système éducatif lorsque le rideau se lève !

Acte 1. La technologie. Il faut tout d’abord trouver un organisme ayant déjà développé et utilisé une technologie adéquate, pour ensuite l’adapter aux utilisateurs et la rendre la plus intuitive possible. Dans le cas de la plateforme Allô, École ! il fallait concevoir une interface et des icônes attrayantes et faciles à utiliser par les fonctionnaires congolais. L’autre étape importante, qui peut paraître simple mais qui ne l’étaient pas du tout dans le cas de notre projet en RDC, est de démarcher les opérateurs de téléphonie mobile pour négocier un accord et obtenir un numéro abrégé et gratuit qui facilite les communications (d’où le chiffre 178 que vous voyez dans l’une des photos). Tout cela vous semble difficile ? Nous le pensions aussi… mais cette étape s’est avérée être la plus facile. Les étapes institutionnelles étant bien plus compliquées et demandant une attention particulière.

Acte 2. La vulgarisation. Chaque établissement scolaire sélectionné dans la phase expérimentale reçoit un numéro de plateforme à trois chiffres, comme celui que vous voyez dans la photo qui montre un enseignant écrivant sur l’affiche. Puisque la phase expérimentale comporte un essai contrôlé randomisé (ECR), les établissements de traitement reçoivent une visite de la part d’une ONG, un jeu d’affiches, et une démonstration de la technologie sur un appareil de base. Des messages portant sur l’absentéisme des enseignants, la disponibilité des manuels scolaires etc. sont enregistrés dans les quatre langues nationales. On a aussi « pimenté » l’enregistrement en faisant appel à des voix de vedettes nationales afin d’inciter les parents à se servir de la plateforme (comment un parent peut-il résister au message de son idole, l’entraîneur de l’équipe nationale de foot, lui demandant de participer à cette plateforme ?)

Tout est déjà bouclé ? On l’a presque cru ! Au cours des quatre premiers mois de mise en œuvre du projet, le service de communications du ministère a reçu 8 000 appels à travers la plateforme Allô, École ! Les parents faisaient état d’un manque de manuels scolaires, du non-respect des normes de construction des établissements scolaires, et de l’absentéisme enseignant. Les gestionnaires de la plateforme ont envoyé systématiquement des messages de remerciement et des promesses de suivi. Mais après avoir effectué deux ou trois investigations ponctuelles, on s’est rendu compte qu’il fallait une étape de plus. Car le ministère, qui avait voulu créer cette plateforme pour se rapprocher des citoyens, n’avait pas encore les capacités nécessaires pour être réactif. Il était content d’être entré dans l’ère des « nouvelles technologies », mais devait à présent repenser son organisation institutionnelle pour pouvoir en profiter. Il lui fallait une « trame » qui « lie » les différents éléments de la pièce en un tout interconnecté et performant. Nous retournons donc dans les coulisses…

Acte 3. Le personnage secret. Nous n’avons rien à cacher… mais nous essayons, dans une situation complètement inédite, de renforcer et de « normaliser » les capacités de réactivité du ministère. Dans cette optique, le ministre a nommé un directeur général très respecté au poste de coordinateur de la plateforme Allô, École ! Ensuite, on a recruté de jeunes consultants pour travailler dans le nouveau service clientèle de chaque département pendant six mois, afin d’aider les fonctionnaires normalement en charge de cela à se familiariser avec cette nouvelle technologie et à prendre confiance en eux. Enfin, on a élaboré des protocoles et testé les différentes fonctionnalités mentionnées plus haut. Petit à petit, la plateforme a fait partie intégrante du quotidien du ministère.

Bon, alors, récapitulons. Les premières enquêtes sont envoyées, les questionnaires remplis par les parents sont en cours de traitement… le ministère obtient en temps réel des informations concernant la situation sur le terrain et s’est adapté pour pouvoir y réagir rapidement. Il est à priori temps de sonner les trois coups et de lever le rideau.

Avons-nous terminé ? 

Eh bien non, car il faut comprendre qu’il s’agit en fait d’un chantier perpétuel. La plateforme Allô, École ! doit constamment s’adapter à un contexte qui ne cesse d’évoluer.

Les premiers résultats des tests de résistance de cette plateforme sont tout de même encourageants : malgré la détérioration de la situation budgétaire du ministère, la plateforme a été modifiée et ses fonctionnalités élargies. La plateforme Allô, École ! s’est intégrée dans un environnement qui évolue et n’est pas restée figée dans le temps.

Nous vous invitons d’ailleurs à suivre son évolution en écoutant régulièrement nos futurs podcasts au cours desquels les différents acteurs partageront la manière dont ils ont vécu la mise en œuvre de ce projet.

Maria Amelina est une Spécialiste du groupe gouvernance de la Banque mondiale. Elle travaille actuellement sur les pays d’Afrique centrale et orientale se concentrant sur la Amelinagouvernance du secteur particulier dans les paramètres fragiles. Dans sa carrière à la Banque mondiale Maria Amelina a travaillé sur les questions de décentralisation, développement local, axée sur la gouvernance et la responsabilisation. Elle a dirigé des études opérationnels et analytiques en Europe centrale, des opérations innovantes en matière d’engagement civique et de budgets participatifs. Plus récemment, elle se concentre sur les aspects analytiques et opérationnels de l’utilisation des TIC pour améliorer la transparence et la responsabilité de la prestation des services. Maria Amelina est titulaire d’un doctorat de la Fletcher School of Law et de la diplomatie, administré conjointement par Harvard et Tufts.

 

Banque Mondiale – Riposte contre la peste à Madagascar : cinq millions de dollars pour soutenir les dépenses urgentes de l’État

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La Banque mondiale accordera un financement d’urgence de cinq millions de dollars à l’État malgache pour l’aider à financer et à déployer le plan national de riposte contre l’épidémie de peste, qui frappe le pays depuis le mois d’août 2017 et a fait une centaine de victimes.

Lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI qui se sont tenues à Washington du 13 au 15 octobre 2017, la délégation malgache conduite par le ministre des Finances et du Budget, Vonintsalama Sehenosoa Andriambololona, a fait part de son besoin urgent de fonds pour aider le gouvernement à mettre en œuvre le plan national de riposte contre la peste.

« Malgré le soutien crucial et exceptionnel de l’OMS et de nos autres partenaires techniques et financiers, certaines activités du plan doivent être financées par l’État. Nous sommes heureux que la Banque mondiale ait entendu notre appel. Le Ministère veillera à ce que ces fonds soient utilisés efficacement pour faire face rapidement à cette épidémie. Ils devront être gérés selon des principes de transparence et redevabilité », explique Vonintsalama Sehenosoa Andriambololona, Ministre des Finances et du Budget.

Ces fonds, gérés par le ministère des Finances et du Budget serviront à financer des activités essentielles de riposte telles que le paiement du personnel de santé mobilisé dans tous les districts affectés, les campagnes de désinfection et de désinsectisation dans les écoles et les quartiers les plus touchés par la peste. Ils serviront également à assainir les quartiers vulnérables et de payer le carburant pour les ambulances.

« La Banque mondiale se joint aux efforts du pays et de tous les partenaires dans la riposte face à la peste. Ce soutien financier devrait permettre à l’État de mieux faire face aux dépenses urgentes liées à la riposte, sans affecter les autres dépenses sociales et d’infrastructure essentielles au développement du pays », annonce Coralie Gevers, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar.

Selon les dernières statistiques recueillies jusqu’au 23 octobre 2017 par le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), 40 des 114 districts sanitaires de Madagascar répartis dans les 14 régions du pays sont touchés par l’épidémie de peste. 1 192 cas suspects ont été recensés et 124 personnes sont décédées dont 67% des conséquences de la forme pulmonaire. Les services de santé sont parvenus à guérir 780 malades depuis le début de l’épidémie.

Banque mondiale – La Banque mondiale appelle à des mesures urgentes pour rompre le cycle de la transmission de la pauvreté entre générations

 Selon les premières conclusions d’un rapport de la Banque mondiale à paraître, intitulé Fair Progress? Educational Mobility Around the World, la position sociale des parents exerce toujours la même influence qu’il y a 50 ans sur les destinées d’un individu. À l’occasion du 25e anniversaire de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme devant l’absence de progrès obtenus depuis un demi-siècle sur ce levier indispensable pour réduire la pauvreté et les inégalités et soutenir la croissance.

Ce rapport, dont une version préliminaire est présentée aujourd’hui, permet de réunir les premières pièces du puzzle de la mobilité économique en traitant de front la question de l’influence du niveau d’instruction des parents pour la réussite ou l’échec de leurs enfants. Et de mettre en évidence l’importance des politiques publiques pour donner à chaque enfant, indépendamment du parcours de ses parents, les mêmes chances d’exprimer pleinement son potentiel. La version complète du rapport, attendue début 2018, étendra le champ des réflexions pour s’intéresser aux moteurs de la mobilité des revenus, s’attachant notamment au rôle des marchés et, plus largement, à la dynamique de la transformation économique.

« Face à la crise du capital humain que nous traversons, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour édifier un monde dans lequel chaque enfant, où qu’il vive, ait des chances égales de devenir ce à quoi il aspire » , déclare le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. « Pour des centaines de millions d’êtres humains dont le sort reste trop étroitement lié à celui des générations précédentes, les chances d’exprimer leur potentiel sont extrêmement réduites. Nous devons investir dans les jeunes enfants de manière à inscrire la réussite dans leur ADN et satisfaire les attentes des jeunes en agissant à tous les niveaux, en particulier local, pour veiller à ce que les générations de demain puissent prospérer, quel que soit leur pays ou leur milieu d’origine. »

Depuis 50 ans, le niveau éducatif ne progresse plus d’une génération à l’autre dans les économies en développement : dans ces pays, en moyenne, environ la moitié des individus nés dans les années 80 sont plus instruits que leurs parents, soit une proportion comparable à celles des individus nés dans les années 60. Si nous ne modifions pas la manière dont nous investissons dans nos enfants, surtout ceux issus de milieux défavorisés, la situation sera probablement la même dans dix ans, rendant encore plus difficile la réalisation de l’objectif visant à mettre fin à l’extrême pauvreté à l’horizon 2030.

L’ascension éducative d’une génération à l’autre est particulièrement faible dans les pays en développement et, en particulier, en Afrique subsaharienne : ainsi dans certains pays, seuls 12 % environ des jeunes adultes d’aujourd’hui y sont plus instruits que leurs parents, contre plus de 80 % dans le cas des jeunes adultes d’Asie de l’Est. Les quinze économies où le niveau d’instruction d’un individu est le plus étroitement corrélé à celui de ses parents appartiennent toutes au groupe des pays en développement.

Le rapport trace trois grandes pistes d’action pour améliorer la mobilité économique entre générations.

Égalité des chances pour les enfants : des investissements dans le développement de la petite enfance, l’accès et la qualité de l’éducation, les soins de santé maternels et infantiles, la nutrition, les infrastructures, l’eau et l’assainissement font partie des services essentiels dont doit bénéficier un enfant dès le plus jeune âge si l’on veut améliorer la mobilité et renforcer le capital humain. Ainsi, la mobilité sera plus importante dans les pays où les retards de croissance (une taille insuffisante pour l’âge, signe de malnutrition chronique) chez les enfants de cinq ans sont moins prononcés qu’ailleurs et dans les pays qui investissent davantage de ressources publiques dans l’éducation.

L’importance de l’éducation et des apprentissages comme voie de sortie de la pauvreté fait par ailleurs l’objet du dernier Rapport sur le développement dans le monde, qui plaide fortement pour des investissements dans l’amélioration des acquis scolaires. Le Groupe de la Banque mondiale vient en outre de dévoiler son « Projet sur le capital humain », dont l’objectif est d’accélérer les efforts pour aider les pays à investir davantage et plus efficacement dans leurs populations, afin de stimuler une croissance économique sans exclus et de mettre fin à l’extrême pauvreté.

Aspirations : pour qui a l’impression d’être condamné à être pauvre, les motivations à s’en sortir seront probablement moindres, ce qui contribue à étouffer les aspirations des individus et à les enfermer dans le piège de la pauvreté. D’où la nécessité d’intégrer une analyse du comportement dans les politiques et les programmes, afin de pouvoir atteindre plus efficacement les laissés-pour-compte du processus de développement.

Action locale : le milieu de naissance et la position sociale des parents sont deux facteurs qui comptent dans la vie d’un individu. Pour briser le cercle vicieux de la pauvreté, il faut s’appuyer impérativement sur des mesures locales, depuis les régions jusqu’aux quartiers. Les pauvres ont tendance à vivre dans les zones les plus déshéritées, là où les écoles sont peu efficaces, les infrastructures délabrées, les services médiocres et peu disponibles, et les problèmes de criminalité plus importants qu’ailleurs — autant de facteurs qui pèsent sur les capacités d’apprentissage, de croissance et d’épanouissement d’un enfant.

Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté

La réalisation du double objectif visant à mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et à promouvoir une prospérité partagée partout dans le monde est toujours plus à notre portée. Nous y parviendrons, à deux conditions : concentrer nos ressources autour de trois axes clés — la promotion d’une croissance économique durable et solidaire, les investissements dans le capital humain et le renforcement de la résilience aux chocs — et être capables de mesurer les avancées. Chaque année, la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est l’occasion pour la communauté internationale de se recentrer sur ces objectifs et, aux côtés des gouvernements et des citoyens, de la société civile, du secteur privé et des organisations internationales, de mobiliser toute l’aide nécessaire pour les atteindre.

Banque mondiale – 7000 nouveau-nés meurent chaque jour malgré une baisse constante de la mortalité des moins de 5 ans, Au rythme actuel, entre 2017 et 2030, 30 millions de nouveau-nés mourront dans les 28 premiers jours de leur vie.

Chaque jour en 2016, 15 000 enfants sont morts avant d’avoir atteint leur cinquième anniversaire, dont 46% au cours des 28 premiers jours de leur vie, soit 7000 nouveau-nés, selon un nouveau rapport des Nations Unies.

Le rapport, intitulé Levels and Trends in Child Mortality 2017, [Niveaux et tendances 2017 en matière de mortalité infantile], révèle que le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans n’a jamais été aussi bas (5,6 millions en 2016, contre près de 9,9 millions en 2000), mais s’alarme de l’augmentation de la proportion des décès d’enfants de moins de 5 ans intervenus durant les 28 premiers jours de vie, qui est passée de 41% à 46% au cours de la même période.

mortalité des moins de 5 ans

«Quelque 50 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans ont été sauvés depuis 2000, ce qui témoigne du sérieux de l’engagement pris par les gouvernements et les partenaires du développement pour mettre fin aux décès évitables d’enfants», déclare Stefan Swartling Peterson, Chef du Département Santé à l’UNICEF. «Cependant, si nous ne déployons pas d’efforts supplémentaires pour empêcher que davantage de nouveau-nés ne meurent à la naissance ou dans les jours qui suivent l’accouchement, les progrès accomplis resteront incomplets. Nous disposons des connaissances et des technologies nécessaires, il ne reste plus qu’à les appliquer dans les régions qui en ont le plus besoin.»

Au rythme actuel, entre 2017 et 2030, 60 millions d’enfants, dont la moitié de nouveau-nés, mourront avant leur cinquième anniversaire, selon le rapport publié par l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la Santé, la Banque mondiale et la Division de la population de la DAES, qui forment le Groupe interorganisations pour l’estimation de la mortalité juvénile.

La plupart des décès néonatals sont survenus dans 2 régions: l’Asie du Sud (39%) et l’Afrique subsaharienne (38%). La moitié des décès comptabilisés a été enregistrée dans 5 pays: l’Inde (24%), le Pakistan (10%), le Nigéria (9%), la République démocratique du Congo (4%) et l’Éthiopie (3%).

«Pour réussir à mettre en place une couverture sanitaire universelle et garantir qu’un plus grand nombre de nouveau-nés survivent et s’épanouissent, nous devons atteindre les familles marginalisées», explique le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général de l’OMS en charge de la santé de la famille, de la femme et de l’enfant. Pour prévenir la maladie, les familles ont besoin de moyens financiers, de faire entendre leur voix et d’avoir accès à des soins de qualité. L’amélioration de la qualité des services et de la rapidité des soins prodigués pendant et après la naissance doit être hissée au rang de priorité. »

Selon le rapport, de nombreuses vies peuvent être sauvées en réduisant les inégalités dans le monde. Si tous les pays avaient réussi à enregistrer le même taux moyen de mortalité que celui des pays à revenu élevé, 87% des décès d’enfants de moins de 5 ans auraient pu être évités et près de 5 millions de vies auraient pu être sauvées en 2016.

«En 2017, il est impensable que la grossesse et la naissance continuent de mettre la vie des femmes en danger et que 7000 nouveau-nés meurent encore chaque jour», déplore Tim Evans, Directeur principal du pôle Santé, nutrition et population du Groupe de la Banque mondiale. «Le meilleur indice de la réussite de la couverture sanitaire universelle est la capacité de chaque mère à bénéficier de soins de santé qui soient non seulement faciles d’accès, mais aussi de qualité et abordables, afin de pouvoir garantir à son enfant et à sa famille une vie saine et productive. Pour répondre aux besoins des pays dans ce domaine, nous nous engageons à augmenter nos financements, notamment au moyen de mécanismes innovants comme le Mécanisme mondial de financement.»

La pneumonie et la diarrhée figurent en haut de la liste des maladies infectieuses qui ont coûté la vie à des millions d’enfants de moins de 5 ans dans le monde entier. Les 2 maladies ont provoqué 16% et 8% de ces décès, respectivement. En 2016, les complications liées à une naissance prématurée ainsi que les complications liées à l’accouchement ou à la naissance étaient responsables de 30% des décès néonatals. Outre les 5,6 millions de décès d’enfants de moins de 5 ans, on comptabilise 2,6 millions de mortinaissances chaque année, dont la majorité aurait pu être évitée.

Il est possible de mettre un terme aux décès évitables d’enfants en facilitant le suivi de la grossesse et la prise en charge de l’accouchement par des professionnels de la santé qualifiés et en améliorant l’accès à des interventions vitales, telles que la vaccination, l’allaitement et la prise de médicaments peu onéreux, ainsi que l’accès à l’eau et à l’assainissement, des ressources dont restent privées les communautés les plus démunies dans le monde.

Pour la première fois, des données sur la mortalité des enfants de 5 à 14 ans ont été incluses dans le rapport, mettant en évidence d’autres causes de décès, comme les accidents et les blessures. Près d’un million d’enfants âgés de 5 à 14 ans sont morts en 2016.

mortalité des moins de 5 ans 1

«Ce nouveau rapport souligne les progrès remarquables accomplis depuis 2000 pour réduire le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans», déclare Zhenmin Liu, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU. «En dépit de ces progrès, de grandes inégalités persistent en matière de survie de l’enfant à travers les régions et les pays, en particulier en Afrique subsaharienne. Il suffit pourtant d’interventions simples et économiques, réalisées avant, pendant et immédiatement après la naissance, pour éviter de nombreux décès survenus à cet âge. Il est essentiel de réduire les inégalités et d’aider les nouveau-nés, les enfants et les mères les plus vulnérables si nous voulons réaliser l’objectif de développement durable consistant à mettre fin aux décès évitables d’enfants et à garantir que personne n’est laissé de côté.»

Le rapport souligne également les faits suivants:

  • en Afrique subsaharienne, selon les estimations, un enfant sur 36 meurt durant le premier mois de vie, contre 1 enfant sur 333 dans les pays du monde à revenu élevé;
  • à moins que les progrès s’accélèrent, plus de 60 pays n’atteindront pas l’objectif de développement durable des Nations Unies consistant à mettre fin aux décès évitables de nouveau-nés d’ici à 2030, et la moitié d’entre eux n’atteindront pas non plus la cible de 12 morts néonatales pour 1000 naissances vivantes d’ici à 2050. Plus de 80% des décès néonatals survenus en 2016 ont été enregistrés dans ces pays.

Banque mondiale -Aider les pays en développement à tirer le meilleur parti des investissements directs

LES POINTS MARQUANTS

Selon une enquête auprès d’entreprises multinationales, la stabilité politique, la sécurité et le cadre réglementaire sont déterminants dans le choix d’investir dans les pays en développement.

pauvreté 1.jpgEn constante augmentation, la part des investissements directs étrangers en faveur et en provenance des pays en développement a atteint respectivement 40 et 20 % en 2016.

Pour que ces apports de capitaux créent des emplois mieux rémunérés et renforcent la compétitivité des économies bénéficiaires, les gouvernements des pays en développement doivent actionner les leviers politiques, ainsi que d’autres actions à leur disposition.

VIENNE (Autriche), 25 octobre 2017  Pour stimuler l’investissement et la croissance, il faut impérativement réduire les risques dans les pays en développement.

Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Groupe de la Banque mondiale, qui repose notamment sur une enquête menée auprès d’investisseurs, les investissements directs étrangers (IDE) ont, dans l’ensemble, un effet bénéfique sur les pays en développement, parce qu’ils apportent un savoir-faire technique, améliorent les qualifications de la main-d’œuvre, renforcent la productivité, créent de l’activité pour les entreprises locales et procurent des emplois mieux payés.

Le tout est de savoir à quel moment et dans quelles circonstances les IDE sont le plus susceptibles d’avoir ce type de retombée. Cette réflexion est au cœur de ce rapport consacré à l’étude des facteurs de compétitivité des investissements dans les pays en développement. Intitulé Global Investment Competitiveness Report 2017–2018 et dévoilé aujourd’hui à l’occasion d’un forum international sur l’investissement, la publication propose une analyse approfondie des IDE dans les pays en développement, étayée par une enquête auprès de 750 cadres d’entreprise et investisseurs multinationaux et assortie d’un certain nombre de recommandations.

Fruit d’un travail conjoint de la Société financière internationale (IFC) et du pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale, le rapport s’intéresse aux pays en développement en tant que sources et destinataires des IDE. Il analyse l’aptitude de ces pays à attirer des investissements privés mais également à les exploiter durablement au service d’une croissance pérenne sans exclus.

 » La compétitivité d’un pays en termes d’investissements ne se résume pas aux flux d’IDE dont il bénéficie. Elle est déterminée par son aptitude à attirer et conserver les investissements privés pour servir de levier à une croissance économique durable et solidaire.  « 

Anabel Gonzalez, directrice principale du pôle Commerce & compétitivité, et Ted Chu, économiste en chef d’IFC, dans l’avant-propos du Global Investment Competitiveness Report 2017/2018.

 

L’enquête révèle que la stabilité politique, la sécurité et un environnement juridique et réglementaire prévisible font partie des caractéristiques décisives des choix des multinationales au moment d’engager des fonds dans un nouvel investissement, et que ces aspects sont des facteurs autrement plus déterminants qu’une fiscalité avantageuse ou une main-d’œuvre bon marché.

Les incitations peuvent favoriser l’afflux d’IDE mais elles ne sont en général efficaces que si l’investisseur hésite entre deux nouvelles bases, aux caractéristiques similaires, pour ses exportations. Elles ne présenteront que peu d’intérêt s’il cherche à pénétrer un marché ou à exploiter des ressources naturelles.

 

des relations avec les organismes publics) joue un rôle nettement plus important. Pour stimuler l’investissement et la croissance dans un pays en développement, il ne suffit pas de sécuriser les projets envisagés, mais de réduire les risques à l’échelle du pays en général.

Après avoir analysé la contribution des investissements étrangers aux économies locales en s’appuyant sur des données empiriques et des recherches, le rapport conclut à l’influence positive des IDE sur le développement des pays bénéficiaires. Ainsi, les entreprises locales à forte croissance sont les grandes gagnantes d’un afflux supplémentaire d’IDE sur leurs marchés, à travers l’arrivée de nouvelles technologies et de nouveaux savoir-faire et l’établissement de liens commerciaux.

Le rapport met aussi en évidence la montée en puissance des IDE provenant des pays en développement : multipliées par 20 en 20 ans, ces opérations représentaient en 2015 un cinquième de tous les flux d’IDE dans le monde. Aujourd’hui, environ 90 % des pays en développement font état d’investissements à l’étranger, même s’ils sont pour l’essentiel le fait des pays BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud).

Le rapport et l’enquête observent que si les investisseurs des pays en développement assoient leurs décisions sur les mêmes facteurs, ils paraissent plus disposés à s’aventurer dans des économies régionales de moindre importance et souvent plus risquées, dont ils se servent comme tremplin. Surtout pour les pays en situation de fragilité et de conflit qui souhaitent attirer des investisseurs et diversifier les secteurs bénéficiaires, il s’agit là d’un point essentiel. Mais s’ils veulent tirer un parti optimal des IDE pour l’économie locale, les gouvernements doivent avoir une compréhension fine des motivations des investisseurs car, comme le rappelle le rapport, chaque type d’investissement comporte des avantages et des inconvénients spécifiques.

Cet ouvrage paraît à un moment où la communauté internationale du développement mise sur le secteur privé pour réduire la pauvreté, installer une croissance équitable, promouvoir une prospérité partagée et, plus généralement, réaliser les Objectifs de développement durable. Les nombreux éléments attestant de l’impact positif des IDE sur le développement ne doivent pas faire oublier les menaces qui planent sur l’économie mondiale, aux prises avec un regain de protectionnisme commercial et en matière d’investissement, ainsi que différents risques géopolitiques.

Banque mondiale – Les effets durables et profonds de la sécheresse sur la pauvreté

 

 

SeloPauvreté.jpgn un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, les épisodes de sécheresse à répétition ont des conséquences extrêmement importantes et souvent invisibles : à l’échelle mondiale, ces phénomènes détruisent les récoltes dans des quantités qui suffiraient à nourrir 81 millions de personnes par jour pendant une année, dévastent des forêts et menacent de condamner des générations d’enfants à la pauvreté.

Cette publication, intitulée Vers des eaux inconnues – La nouvelle économie de l’eau : pénuries et variabilité, présente des données inédites sur les conséquences que peuvent avoir des précipitations de plus en plus irrégulières sur les exploitations agricoles, les entreprises et les ménages. Et de montrer que si les inondations et les ondes de tempêtes constituent de graves menaces, les sécheresses engendrent une « misère au ralenti », avec des effets plus profonds et plus durables qu’on ne le pensait auparavant.

« Cette étude prouve qu’il est de plus en plus important que nous valorisions l’eau à la hauteur de ce qu’elle représente, à savoir une ressource précieuse, qu’il ne faut ni gaspiller ni polluer, explique Guangzhe Chen, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Eau de la Banque mondiale. Nous devons mieux comprendre les conséquences des pénuries d’eau, sachant que celles-ci s’intensifieront sous l’effet de l’expansion démographique et de l’évolution du climat. »

Le rapport met en évidence les effets en cascade, et jusqu’ici peu documentés, de la sécheresse.

Premièrement, au niveau des familles, celle-ci a des conséquences qui se ressentiront sur plusieurs générations. Dans les régions rurales d’Afrique, le rapport constate que les femmes nées durant des périodes de grave sécheresse en portent des séquelles toute leur vie, parce que, enfant, elles ont souffert de malnutrition et d’autres problèmes de santé dues aux pertes de récolte découlant du manque de précipitations et que leur développement cognitif et physique en a été affecté. En outre, des données récentes montrent que ces femmes reçoivent également une instruction moins poussée, qu’elles ont, à l’âge adulte, moins de ressources et davantage d’enfants, et qu’elles sont plus exposées aux violences familiales. Les chocs subis par une mère ont souvent des répercussions sur ses enfants, qui risquent davantage de souffrir de malnutrition et d’être en moins bonne santé, ce qui perpétue le cercle vicieux de la pauvreté.

Deuxièmement, les effets secondaires de sécheresses répétées au niveau des exploitations agricoles : lorsque les précipitations sont inférieures à la normale pendant plusieurs années consécutives, non seulement les rendements agricoles s’en ressentent, mais les agriculteurs sont contraints d’aller empiéter sur les surfaces forestières voisines. Étant donné que les forêts servent à stabiliser le climat et à réguler les réserves d’eau, le déboisement réduit la quantité d’eau disponible et exacerbe le changement climatique.

Enfin, pour une entreprise, les coûts économiques imputables à la sécheresse sont quatre fois supérieurs à ceux entraînés par les inondations. Si cette entreprise est située en zone urbaine, une seule coupure d’eau peut amputer son chiffre d’affaires de plus de 8 %, et de 35 % si elle relève du secteur informel, comme c’est fréquemment le cas dans le monde en développement. Les moyens de subsistance de la population s’en trouvent alors anéantis et la croissance économique urbaine stagne.

Un grand nombre des régions les plus touchées par la sécheresse subissent déjà de graves déficits alimentaires et sont considérées comme fragiles. Il est donc urgent de trouver des solutions et de les mettre en œuvre.

« Si nous ne prenons pas au sérieux l’aggravation des déficits hydriques ainsi que la fréquence et l’intensité accrues des tempêtes imputables au changement climatique, de nouvelles régions seront touchées par les pénuries d’eau, ce qui pourrait accroître les violences, les souffrances et les migrations, alerte Richard Damania, auteur du rapport et économiste principal au pôle mondial d’expertise en Eau de la Banque mondiale. Les méthodes actuelles de gestion de l’eau ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Ce changement radical requiert un ensemble de politiques qui tiennent compte des incitations économiques qui participent de la gestion de l’eau à tous les stades, c’est-à-dire de la source au robinet, puis de nouveau à la source. »

L’irrégularité des précipitations a donc des conséquences sur les exploitations agricoles, les entreprises et les familles, parfois pendant plusieurs générations. Ce rapport offre des pistes pour relever ces défis, qui appellent des politiques, des innovations et des collaborations nouvelles.

Le rapport recommande de construire de nouvelles infrastructures pour le stockage et la gestion de l’eau, et d’adopter des mesures qui permettent de maîtriser la demande d’eau. Les entreprises de distribution d’eau dans les villes doivent être réglementées de sorte à accroître leurs performances et les investissements dans l’expansion du réseau, tout en garantissant leur rentabilité. Le rapport fait également observer que lorsque les inondations et les sécheresses produisent des chocs économiques, il faut que des filets de sécurité soient en place afin que les ménages pauvres puissent affronter la tempête.

 

Banque mondiale – Quel avenir énergétique face à la rareté de l’eau ?

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LES POINTS MARQUANTS :

  1. L’eau et l’énergie sont deux secteurs inextricablement liés et interdépendants.
  2. Alors que ces deux ressources font l’objet d’une hausse de la demande mondiale, la pénurie d’eau menace la viabilité à long terme des projets énergétiques, avec de graves conséquences pour le développement.
  3.  Face à un avenir incertain, la Banque mondiale lance une initiative mondiale dont l’objectif est d’aider les pays à s’y préparer dès à présent.  Il s’agit de mesurer les compromis eau/énergie et d’identifier les synergies possibles entre les politiques de gestion de ces deux ressources.

La sécurité énergétique et la sécurité hydrique occupent une place capitale dans le développement humain et économique. Ces deux ressources sont aujourd’hui plus interdépendantes que jamais. Qu’il s’agisse de l’hydroélectricité, bien sûr, mais aussi du refroidissement des centrales thermiques ou encore de l’extraction et de la transformation des combustibles, la quasi-totalité des procédés de production d’énergie exige d’importantes quantités d’eau. Inversement, le pompage, le traitement et le transport de l’eau nécessitent de l’énergie, principalement sous forme d’électricité. Le couple eau/énergie est par ailleurs indispensable à la production agricole, où il est notamment nécessaire à la culture des biocarburants qui permettront à leur tour de produire de l’énergie.

Or, les ressources énergétiques et les ressources en eau sont soumises à des pressions sans précédent, et font l’objet d’une concurrence croissante de la part des populations, des industries, des écosystèmes et des économies en pleine expansion. Quand la population mondiale atteindra les 9 milliards d’habitants, la production agricole devra avoir augmenté de 50 % tandis que les prélèvements d’eau, déjà mis à rude épreuve, devront s’accroître de 15 %. D’ici 2035, la consommation énergétique mondiale augmentera de 35 %, ce qui déterminera une hausse de 15 % de l’utilisation d’eau, tandis que la consommation d’eau du secteur énergétique augmentera de 85 % selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Le changement climatique viendra ajouter davantage d’incertitude à cette situation en provoquant une variabilité accrue des disponibilités d’eau et une intensification de la fréquence et de la gravité des inondations et des sécheresses. À mesure que les températures augmentent, les fleuves et les lacs où les centrales électriques puisent l’eau nécessaire au refroidissement de leurs systèmes se réchauffent eux aussi, ce qui rendra la production d’électricité de plus en plus difficile au cours des décennies à venir.

Les risques pour le secteur de l’énergie

Dans le monde entier, les pénuries d’eau pèsent déjà sur la viabilité à long terme des projets énergétiques. Pour la seule année écoulée, les pénuries d’eau ont provoqué la fermeture de centrales thermiques en Inde, fait chuter la production énergétique des centrales aux États-Unis et menacé la production hydroélectrique de nombreux pays, dont le Sri Lanka, la Chine et le Brésil.
Près de 93 % des réserves pétrolières souterraines du Moyen-Orient sont exposés à un niveau de risque hydrique moyen ou élevé. Les pays en développement sont les plus vulnérables, car ils ont rarement les capacités nécessaires pour répondre à la forte progression des besoins.
En dépit de ce contexte inquiétant, la planification et la gestion de la production énergétique prennent aujourd’hui rarement en considération les problèmes que pose et posera de plus en plus l’approvisionnement en eau, pas plus d’ailleurs qu’elles n’intègrent les risques de phénomènes extrêmes.

Comme l’explique la directrice exécutive de l’AIE, Maria van der Hoeven, « les planificateurs et les décideurs des deux secteurs sont souvent mal informés des facteurs qui sous-tendent ces enjeux, des moyens d’y faire face et des avantages respectifs des différentes solutions envisageables sur le plan technique et politique ainsi que sur celui de la gestion et de la gouvernance ». Or, prévient-elle, « l’absence d’une planification intégrée entre les deux secteurs n’est pas viable du point de vue socioéconomique ».

En matière d’investissements énergétiques, le défaut d’évaluation des besoins en eau et d’analyse des contraintes hydriques futures a pour conséquence une hausse des coûts et des risques. De fait, l’approvisionnement en eau est considéré comme un risque important pour la plupart des compagnies d’énergie et d’électricité, qui sont nombreuses à faire état de retombées négatives sur leur activité.

Des solutions à la mesure de la complexité des enjeux

Plusieurs solutions existent pour s’attaquer au double défi de l’eau et de l’énergie, et de nombreux pays ont déjà pris l’initiative d’engager des mesures audacieuses. Les Émirats arabes unis, par exemple, s’emploient à diversifier leur panier énergétique en favorisant les énergies propres au détriment du gaz naturel. Le gouvernement a l’intention de construire la plus grande usine mondiale de dessalement solaire qui aura une capacité de traitement journalière de plus de 83,3 millions de litres d’eau potable et produira 20 mégawatts d’électricité. Les Émirats arabes unis, qui abritent déjà la plus grande centrale et station de dessalement du monde, montrent ainsi comment l’on peut trouver des solutions intégrées au double défi de l’eau et de l’énergie.

Les pays peuvent également réduire leur dépendance hydrique en installant d’autres systèmes de refroidissement dans les centrales thermiques, en étudiant les possibilités de traitement des eaux saumâtres et salines, en améliorant l’efficacité des centrales électriques et en remplaçant celles qui sont anciennes et peu performantes. Par ailleurs, on sait aussi que les centrales hydroélectriques au fil de l’eau sont, par rapport à celles alimentées par un réservoir, davantage à même de gérer les variations hydrologiques d’origine climatique.

Ces solutions sont néanmoins tributaires de nombreux facteurs, dont la technologie, l’environnement et les aspects financiers, sans compter qu’elles doivent tenir compte des spécificités propres aux sites concernés. Une bonne intégration des secteurs de l’énergie et de l’eau, au niveau de la planification et des décisions d’investissement, permet d’aborder convenablement toutes les complexités que pose ce double enjeu.

Une dynamique à enclencher

Face à ce défi, et afin de limiter les risques qui en découlent, la Banque mondiale a lancé une nouvelle initiative baptisée thirsty energy (« l’énergie a soif ») et dont l’inauguration officielle a eu lieu cette semaine à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), à l’occasion du Sommet mondial des énergies du futur.

Cette initiative vise à aider les gouvernements à se préparer pour un avenir incertain et à dépasser les cloisonnements qui font obstacle à une planification intersectorielle. Il s’agit de mesurer les compromis entre la gestion des ressources hydriques et celle des ressources énergétiques, et d’identifier les synergies possibles.

L’un des atouts majeurs de cette initiative réside dans le fait qu’elle prend le secteur de l’énergie comme point de départ pour promouvoir le dialogue, mettre au point des solutions et ajuster les approches en fonction des ressources disponibles et des réalités institutionnelles et politiques du pays concerné.

L’initiative montre l’utilité d’une gestion conjuguée de l’énergie et de l’eau au moyen de travaux réalisés à la demande d’un certain nombre de pays. Illustrant ainsi comment on peut favoriser un développement durable grâce à des outils opérationnels de gestion des ressources fondés sur des données factuelles, elle produit des connaissances qui pourront être partagées à plus grande échelle avec d’autres pays confrontés à des problèmes analogues.

La Banque mondiale – Yémen : la Banque mondiale mobilise 200 millions de dollars pour lutter contre le choléra.

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WASHINGTON, 25 août 2017 — la Banque mondiale a annoncé aujourd’hui l’octroi d’un don d’urgence de 200 millions de dollars au Yémen pour l’aider à maîtriser l’une des plus importantes épidémies de choléra au monde. Le nouveau programme vise à renforcer les systèmes de santé, d’assainissement et d’approvisionnement en eau du pays en s’attaquant aux sources de l’épidémie et en améliorant les systèmes afin de prévenir de nouvelles flambées de la maladie.

Les mesures de soutien financées par le nouveau don comprennent la formation 7 500 agents de santé, le renforcement des capacités locales de traitement et de gestion des cas de choléra, la chloration en grandes quantités de l’approvisionnement en eau, la réfection d’installations majeures de traitement des eaux usées, l’appui à l’organisation de campagnes de communication de masse et de mobilisation sociale et le soutien à une campagne de vaccination anticholérique, parmi les plus importantes jamais organisées, visant des millions de Yéménites.

« Le Yémen est confronté à la pire épidémie de choléra que le monde ait jamais connue, avec plus d’un demi-million de personnes infectées rien qu’au cours des cinq derniers mois. Il est crucial que les Yéménites aient accès à des services d’eau potable et d’assainissement, ainsi qu’à un système de santé efficace », déclare Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. « La poursuite des investissements de la Banque mondiale dans les secteurs de la santé et de l’eau au Yémen, surtout en période de conflit, est essentielle, non seulement pour surmonter la crise actuelle, mais aussi pour faire en sorte que la population soit prête et en bonne santé pour reconstruire le pays lorsque la paix aura été rétablie. »

Financé par le mécanisme de réponse aux crises de l’Association internationale de développement (IDA) — le fonds du Groupe de la Banque mondiale consacré aux pays les plus pauvres —, le nouveau don élargira la portée du projet de santé et de nutrition d’urgence (EHNP) en cours en vue de fournir des services de santé et de nutrition de première nécessité à 13 millions de Yéménites et l’accès aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement à 4,5 millions d’habitants. À ce jour, le projet EHNP a contribué, entre autres, à la distribution de 500 tonnes de médicaments et au traitement réussi de plus de 200 000 cas de choléra. Les financements supplémentaires, mis en œuvre par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en étroite collaboration avec les organismes yéménites œuvrant dans le domaine de la santé et de l’eau, permettront de bâtir sur ces acquis.

« Nous travaillons sans relâche pour accroître l’accès aux services de santé et prévenir les infections », déclare Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé. « Nous remercions l’Association internationale de développement d’accorder les ressources permettant à l’OMS et à ses partenaires d’aider les organismes de santé locaux du Yémen à renforcer leur capacité de surveillance pour dépister la propagation de la maladie, cibler efficacement leurs interventions et mettre fin à cette épidémie ».

La lutte contre l’épidémie de choléra, dont on a dénombré plus de 500 000 cas, est compliquée par le fait que moins de la moitié des établissements de santé fonctionnent et que près de 15 millions de personnes ne bénéficient pas de services médicaux. La composante « santé » du nouveau programme accélérera l’aide aux activités en cours afin de soutenir 65 hôpitaux et un millier de centres de soins de santé primaires, de nouveaux centres de traitement du choléra et des points de réhydratation par voie orale, en plus de renforcer les capacités locales de surveillance des maladies et de recherches en laboratoire. De surcroît, le don épaulera les systèmes de santé en mettant en place des équipes d’intervention rapide et en formant des agents de santé communautaire ainsi que des équipes mobiles de santé et de nutrition capables d’atteindre les populations isolées et de fournir des services médicaux et des informations permettant de sauver des vies, y compris sur la façon d’éviter les infections par maladies transmissibles telles que le choléra et la diarrhée aqueuse aiguë.

« C’est en temps de conflit ou de crise que l’on observe la propagation de maladies telles que le choléra, qui visent les plus vulnérables », rappelle Anthony Lake, directeur général de l’UNICEF. « En plus de soigner les personnes malades ou souffrant de malnutrition, il est crucial d’aider à la reconstruction et remise en état des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour juguler l’épidémie en cours et alléger les souffrances du peuple yéménite, et prévenir de nouvelles crises. L’UNICEF s’est engagé à bâtir un avenir meilleur pour le Yémen. »

Outre la réhabilitation et le développement des services de santé, le nouveau don financera la remise en état de réseaux d’eaux et d’assainissement essentiels ainsi que la protection et le suivi des sources d’approvisionnement en eau. Ces activités incluront la réfection des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les principaux foyers de choléra (en particulier dans les centres urbains) ainsi que dans les établissements de santé, les écoles, les marchés publics et d’autres lieux de rassemblement communautaire.

Le projet élargi accordera aussi une attention particulière au renforcement des capacités à l’échelon des institutions, des populations locales et des ménages pour assurer le suivi de la qualité de l’eau et intervenir en cas de nouvelles crises sanitaires publiques. Ce nouveau financement porte à 1,19 milliard de dollars le total du soutien d’urgence apporté au Yémen au cours de la dernière année, avec la majeure partie des fonds octroyés sous forme de dons de l’IDA.