Ifri – Institut français des relations internationales – La politique africaine de la France à l’épreuve de la diversité du continent- par Alain ANTIL, directeur du Programme Afrique subsaharienne de l’Ifri.

La présence sur le continent africain est un élément clé de la puissance de la France, ou tout du moins de son influence. Elle a toujours été une priorité de son action extérieure. Pour le demeurer, elle devra s’adapter aux mutations profondes du continent, et à la diversité des dynamiques qui le traversent.

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Sécurité

La France a mené une cinquantaine d’opérations militaires sur le continent africain depuis les indépendances. Après la fin de la guerre froide et à la suite du génocide rwandais, Paris a souhaité ne plus jouer le rôle de « gendarme » de l’Afrique, et a opté pour une triple inflexion de sa politique : intervenir avec de solides mandats internationaux ; tenter de pousser l’Union européenne (UE) à s’impliquer davantage ; et enfin contribuer au renforcement des armées nationales et à l’édification d’une architecture africaine de sécurité. Cette politique a été mise en œuvre au cours des vingt dernières années dans un contexte de réduction du budget de la défense, ce qui s’est traduit par une réduction du nombre de militaires français pré-positionnés en Afrique.

Le premier objectif a été atteint. Le deuxième partiellement : si des pays européens participent aujourd’hui à des opérations de maintien de la paix, leur participation demeure exceptionnelle et légère. Le troisième est loin d’être atteint, ce qui oblige régulièrement la France à intervenir parce qu’elle est la seule à pouvoir le faire, du moins dans les phases initiales du conflit. C’est ainsi que l’on peut interpréter les interventions au Mali (Serval) et en République centrafricaine (Sangaris). Le désengagement français semble impossible, à en juger par la fragilité actuelle de la bande sahélo-saharienne, dont les soubresauts politiques pourraient avoir des conséquences directes sur le Maghreb et le bassin méditerranéen. L’adaptation de l’opération Barkhane, qui regroupe 3 500 militaires, est la clé pour la stabilisation de la bande sahélo-saharienne.

Diplomatie économique

La France est toujours l’un des principaux investisseurs et l’un des plus importants partenaires commerciaux du continent. Ses parts de marché diminuent en raison de l’émergence de concurrents africains et non africains. Si les grands groupes français sont bien armés pour maintenir ou conquérir des marchés, les PME/PMI françaises sont en revanche beaucoup moins outillées et soutenues. Le continent africain représente des marchés en croissance pour lesquels l’appareil industriel français dispose d’atouts (BTP, réseaux d’eau, transports, etc.). Parallèlement, la contribution de la France à la sécurité du continent constitue un utile soutien à sa diplomatie économique. Cependant, trop d’initiatives et de structures, parfois concurrentes, sont censées défendre les intérêts français. Cette surabondance nuit à l’efficacité d’ensemble de cette diplomatie économique. L’échec de l’initiative « Énergies pour l’Afrique » est une illustration de cette politique en ordre dispersé.

Francophonie

Bien que leader naturel de la francophonie, la France apparaît souvent en marge des institutions francophones et ne semble pas en faire un axe cardinal de sa politique étrangère. Se jouent pourtant autour de la francophonie des enjeux d’influence liés au droit, au commerce, aux organisations internationales, ou encore à la diffusion des œuvres culturelles. De plus, compte tenu des évolutions démographiques des pays francophones d’Afrique, le français pourrait gagner des centaines de millions de locuteurs au cours du xxie siècle. Cette évolution est théorique, car si la France ne se réengage pas davantage dans la coopération (envoi de professeurs, soutien aux institutions scolaires, etc.), cette progression de la langue française ne se concrétisera pas. La francophonie pourrait être également utilisée comme levier de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, objectif plus facile à promouvoir dans ce cadre que dans une relation bilatérale, où chaque recommandation peut être dénoncée comme une atteinte à la souveraineté. Le soutien prolongé à des régimes autoritaires, pour des raisons sécuritaires ou économiques, a terni l’image de la France auprès des populations jeunes de ces pays qui seront peut-être les élites de demain et pourraient alors se détourner d’une relation privilégiée avec Paris.

Aide au développement et à la bonne gouvernance

L’Afrique a une population jeune qui peine à s’insérer dans des marchés de l’emploi incapables d’absorber la masse des nouveaux entrants. Cette jeunesse est porteuse de potentialités : elle tente de se trouver une place dans les sociétés africaines, notamment en créant des mouvements citoyens pour réclamer le respect des droits politiques mais aussi économiques. Parallèlement, cette jeunesse est également porteuse de tensions si des emplois ne sont pas massivement créés. La coopération et l’aide au développement françaises sont des éléments d’influence (soft power) mais doivent intégrer davantage ces enjeux (création d’emplois et respect des droits civiques). Cela passe aussi par une attention accrue aux évaporations de l’aide observées dans certains pays récipiendaires.

Au moment ou le Président est en Afrique et s’exprime en toute lucidité sur nos rapports avec ce grand continent. J’ai jugé bon de partager cette étude qui ne s’arrête pas à un mot sorti de son contexte, qui sert de défouloir et permet à certains qui ont miné l’action de l’ancien Président, de s’émouvoir aujourd’hui. Oui, l’Afrique est partout et la France aussi dans ce nouveau monde.

Banque mondiale – Comment utiliser les TIC pour mieux gérer le secteur de l’éducation dans les pays fragiles ? – par Maria Amelina

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Des solutions mobiles qui améliorent la gestion du système éducatif

Observons ensemble ces images : dans la première, des villageois examinent une affiche ; dans la deuxième, des enseignants ajoutent des chiffres à des affiches similaires et dans la troisième, des fonctionnaires choisissent des modèles d’interface avec l’aide d’un technicien. Aucune de ces images ne montre à proprement parler quelque chose que l’on pourrait qualifier de « technologie de pointe ». Elles représentent pourtant chacune une étape d’un projet innovant et insolite.

Un projet qui a introduit des innovations technologiques dans la vie des citoyens et incite les fonctionnaires à être à l’écoute de ces citoyens et de répondre à leurs attentes.

Il s’agit d’Allô, École ! une plateforme éducative mobile financée par l’Agence belge de développement et mise en œuvre par le ministère de l’éducation nationale de la République démocratique du Congo (RDC), avec l’aide de la Banque mondiale.

À l’heure actuelle, cette plateforme offre trois fonctionnalités :

Elle diffuse des messages du ministère auprès des services déconcentrésdes enseignants, des directeurs d’établissement scolaire et des parents d’élèves. Des messages oraux (indispensables aux parents analphabètes) et des textos annoncent par exemple la prochaine distribution de manuels scolaires ou le prélèvement des frais de scolarité. La RDC, dont le territoire immense équivaut à la taille de l’Europe occidentale, possède une infrastructure routière extrêmement limitée qui complique la communication entre Kinshasa, la capitale, et le reste du pays. Surfant sur la vague du mobile, dont la pénétration sur le marché local ne cesse d’augmenter, cette plateforme permet de gagner du temps et de réduire les distances en interconnectant toutes les parties prenantes du secteur éducatif.

Elle améliore la gouvernance et réalise des sondages en envoyant de petits questionnaires et gère rapidement les réponses. Le ministère peut par exemple, envoyer un message à ses services déconcentrés pour fournir les nouveaux barèmes nationaux des frais de scolarité à appliquer à la prochaine rentrée et réclamer un accusé de réception. Comme elles sont enregistrées sur la plateforme, les réponses ont valeur officielle et dissuadent certains fonctionnaires de surfacturer les parents. Autre exemple : l’administration centrale peut effectuer une enquête auprès des directeurs d’établissement pour comparer le nombre d’élèves au nombre de manuels disponibles. L’analyse des données recueillies permet de mieux cibler les politiques publiques et les actions sur le terrain.

Elle permet d’échanger avec les parents au sujet de l’éducation de leurs enfants. Par exemple, en recoupant les informations obtenues auprès du directeur d’établissement concernant les manuels scolaires, avec les réponses fournies directement par les parents sur l’utilisation de ces manuels dans la salle de classe de leur enfant, le ministère peut entreprendre des actions pour remédier à un éventuel problème.

Mais est-ce facile de faire fonctionner une plateforme mobile de communication et de responsabilisation ? Allons fouiner un peu dans les coulisses de la mise en œuvre de ce type de projet. Il s’agit en fait d’une pièce en plusieurs actes, qui exige une certaine dose d’art et de science, avec au final un meilleur système éducatif lorsque le rideau se lève !

Acte 1. La technologie. Il faut tout d’abord trouver un organisme ayant déjà développé et utilisé une technologie adéquate, pour ensuite l’adapter aux utilisateurs et la rendre la plus intuitive possible. Dans le cas de la plateforme Allô, École ! il fallait concevoir une interface et des icônes attrayantes et faciles à utiliser par les fonctionnaires congolais. L’autre étape importante, qui peut paraître simple mais qui ne l’étaient pas du tout dans le cas de notre projet en RDC, est de démarcher les opérateurs de téléphonie mobile pour négocier un accord et obtenir un numéro abrégé et gratuit qui facilite les communications (d’où le chiffre 178 que vous voyez dans l’une des photos). Tout cela vous semble difficile ? Nous le pensions aussi… mais cette étape s’est avérée être la plus facile. Les étapes institutionnelles étant bien plus compliquées et demandant une attention particulière.

Acte 2. La vulgarisation. Chaque établissement scolaire sélectionné dans la phase expérimentale reçoit un numéro de plateforme à trois chiffres, comme celui que vous voyez dans la photo qui montre un enseignant écrivant sur l’affiche. Puisque la phase expérimentale comporte un essai contrôlé randomisé (ECR), les établissements de traitement reçoivent une visite de la part d’une ONG, un jeu d’affiches, et une démonstration de la technologie sur un appareil de base. Des messages portant sur l’absentéisme des enseignants, la disponibilité des manuels scolaires etc. sont enregistrés dans les quatre langues nationales. On a aussi « pimenté » l’enregistrement en faisant appel à des voix de vedettes nationales afin d’inciter les parents à se servir de la plateforme (comment un parent peut-il résister au message de son idole, l’entraîneur de l’équipe nationale de foot, lui demandant de participer à cette plateforme ?)

Tout est déjà bouclé ? On l’a presque cru ! Au cours des quatre premiers mois de mise en œuvre du projet, le service de communications du ministère a reçu 8 000 appels à travers la plateforme Allô, École ! Les parents faisaient état d’un manque de manuels scolaires, du non-respect des normes de construction des établissements scolaires, et de l’absentéisme enseignant. Les gestionnaires de la plateforme ont envoyé systématiquement des messages de remerciement et des promesses de suivi. Mais après avoir effectué deux ou trois investigations ponctuelles, on s’est rendu compte qu’il fallait une étape de plus. Car le ministère, qui avait voulu créer cette plateforme pour se rapprocher des citoyens, n’avait pas encore les capacités nécessaires pour être réactif. Il était content d’être entré dans l’ère des « nouvelles technologies », mais devait à présent repenser son organisation institutionnelle pour pouvoir en profiter. Il lui fallait une « trame » qui « lie » les différents éléments de la pièce en un tout interconnecté et performant. Nous retournons donc dans les coulisses…

Acte 3. Le personnage secret. Nous n’avons rien à cacher… mais nous essayons, dans une situation complètement inédite, de renforcer et de « normaliser » les capacités de réactivité du ministère. Dans cette optique, le ministre a nommé un directeur général très respecté au poste de coordinateur de la plateforme Allô, École ! Ensuite, on a recruté de jeunes consultants pour travailler dans le nouveau service clientèle de chaque département pendant six mois, afin d’aider les fonctionnaires normalement en charge de cela à se familiariser avec cette nouvelle technologie et à prendre confiance en eux. Enfin, on a élaboré des protocoles et testé les différentes fonctionnalités mentionnées plus haut. Petit à petit, la plateforme a fait partie intégrante du quotidien du ministère.

Bon, alors, récapitulons. Les premières enquêtes sont envoyées, les questionnaires remplis par les parents sont en cours de traitement… le ministère obtient en temps réel des informations concernant la situation sur le terrain et s’est adapté pour pouvoir y réagir rapidement. Il est à priori temps de sonner les trois coups et de lever le rideau.

Avons-nous terminé ? 

Eh bien non, car il faut comprendre qu’il s’agit en fait d’un chantier perpétuel. La plateforme Allô, École ! doit constamment s’adapter à un contexte qui ne cesse d’évoluer.

Les premiers résultats des tests de résistance de cette plateforme sont tout de même encourageants : malgré la détérioration de la situation budgétaire du ministère, la plateforme a été modifiée et ses fonctionnalités élargies. La plateforme Allô, École ! s’est intégrée dans un environnement qui évolue et n’est pas restée figée dans le temps.

Nous vous invitons d’ailleurs à suivre son évolution en écoutant régulièrement nos futurs podcasts au cours desquels les différents acteurs partageront la manière dont ils ont vécu la mise en œuvre de ce projet.

Maria Amelina est une Spécialiste du groupe gouvernance de la Banque mondiale. Elle travaille actuellement sur les pays d’Afrique centrale et orientale se concentrant sur la Amelinagouvernance du secteur particulier dans les paramètres fragiles. Dans sa carrière à la Banque mondiale Maria Amelina a travaillé sur les questions de décentralisation, développement local, axée sur la gouvernance et la responsabilisation. Elle a dirigé des études opérationnels et analytiques en Europe centrale, des opérations innovantes en matière d’engagement civique et de budgets participatifs. Plus récemment, elle se concentre sur les aspects analytiques et opérationnels de l’utilisation des TIC pour améliorer la transparence et la responsabilité de la prestation des services. Maria Amelina est titulaire d’un doctorat de la Fletcher School of Law et de la diplomatie, administré conjointement par Harvard et Tufts.

 

Célébrons la paix ! – Venez rendre visite au soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Mais qui est-il ?

L’image contient peut-être : plein air

Dès 1916, alors que la Première Guerre Mondiale n’est pas encore achevée, naît l’idée de faire entrer un soldat mort sur le front au Panthéon. Mais les associations d’anciens combattants s’opposent au choix du lieu, souhaitant un endroit plus hautement symbolique. Le choix se porte donc sur l’Arc de Triomphe, symbole des victoires de l’Empire puis de la République, où la dépouille est transférée le 11 novembre 1920.

Afin de commémorer l’Armistice de 1918, l’Arc de Triomphe devient un lieu de célébration en ce jour. La flamme du souvenir surplombant la tombe est allumée pour la première fois le 11 novembre 1923. Ravivée tous les soirs, elle ne s’est jamais éteinte depuis.

Depuis son achèvement, l’Arc de Triomphe avait été le témoin des grandes manifestations nationales comme le retour des cendres de Napoléon Ier ou les ou les extraordinaires funérailles de Victor Hugo (1er juin 1885).extraordinaires funérailles de Victor Hugo (1er juin 1885).

Comment lutter contre les discriminations ?

 

Le Défenseur des droits veille au respect des droits et libertés de toute personne installée sur le territoire français et des français de l’étranger. La lutte contre les discriminations et la promotion de l’égalité sont un de ses cinq domaines de compétence. Pour faire respecter les droits, l’institution du Défenseur des droits dispose de nombreux moyens d’action. Elle peut être saisie directement par toute personne (adulte et enfant) qui s’estime lésée.

Le Défenseur des droits, une autorité indépendante 

Le Défenseur des droits est la seule autorité administrative indépendante inscrite dans la Constitution. Il peut être sollicité sur les cinq domaines suivants : la défense et la promotion des droits de l’enfant, les relations des usagers avec les services publics, la lutte contre les discriminations (handicap, origine, âge, sexe, etc) et la promotion de l’égalité ou encore la déontologie de la sécurité si l’on estime avoir été victime d’un comportement inadapté de la part de professionnels de la sécurité (police, gendarmerie, services privés de sécurité, etc), et enfin l’orientation et la protection des lanceurs d’alerte.

En matière de discrimination, il existe de nombreux critères de discrimination définis par la Loi. Le Défenseur des droits a pour mission de rétablir les personnes dans leur droit. Par exemple, il peut être sollicité par une personne âgée à qui sa banque refuse un prêt, par un parent dont l’enfant handicapé ne peut pas être inscrit aux activités périscolaires ou à la cantine, ou un demandeur d’emploi qui se voit refusé un poste à cause de son origine ou de son lieu de résidence… 

Toute personne peut saisir directement le Défenseur des droits

En tant que victime de discrimination ou d’une rupture d’égalité dans l’accès aux droits, il est possible de saisir le Défenseur des droits directement en ligne sur le site Internet du Défenseur des Droits ou par courrier postal au siège parisien de l’institution Défenseur des droits, Libre réponse 71120, 75342 Paris cedex 07. Près de 500 délégués du Défenseur des droits sont présents sur l’ensemble du territoire national, en métropole et Outre-mer et assurent une permanence publique, sur rendez-vous, chaque semaine, dans une maison de justice et du droit, une préfecture ou une mairie. Soit le délégué sera en mesure de trouver une solution par la voie de la médiation, soit il sollicitera le siège pour être appuyé ou pour lui transmettre le dossier s’il est très complexe.

Des pouvoirs d’enquête qui reposent sur le principe du contradictoire

L’action du Défenseur des droits repose sur le principe du contradictoire. Quand ils sont saisis, ses services mènent une enquête auprès du réclamant et du mis en cause pour réunir tous les éléments de preuve et rendre une décision impartiale. L’institution peut éventuellement recourir au testing dans le cas d’une discrimination pour vérifier que ce que le réclamant et le mis en cause déclarent est fondé. Le Défenseur des droits dispose de plusieurs moyens d’action : proposer un règlement amiable, formuler, après enquête, des recommandations individuelles ou générales (celles-ci sont adressées au ministère concerné, à une branche professionnelle) demander des poursuites disciplinaires, présenter des observations devant les tribunaux et proposer des réformes législatives ou règlementaires.

Le Défenseur des droits et ses équipes ne sont pas des juges, ils pratiquent essentiellement la médiation. Leur mission est de rétablir les droits d’une personne en faisant respecter le droit entre une personne et une institution, une entreprise, un service public ou une administration.

Faire connaître l’accès aux droits

Pour faire connaître leurs droits et assurer la promotion de l’égalité des personnes, le Défenseur des droits s’entoure de comités d’entente et de liaison qui sont des groupes de dialogue, de réflexion et de travail. Dans ces comités, sont présents des représentants d’associations œuvrant dans les domaines du handicap, des droits LGBT, de l’accès au logement, de la santé, ou de l’égalité femmes hommes, mais aussi des professions ou des intermédiaires de l’emploi. Le Défenseur mène également régulièrement des campagnes de communication grand public. Enfin, l’institution produit de nombreux documents pédagogiques, disponibles sur son site Internet ou dans ses permanences.

Les 500 délégués sur le terrain contribuent également à faire connaître le rôle du Défenseur des droits.

Enfin, chaque année, le Défenseur des droits remet, au Président la République et aux Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, un rapport annuel d’activité qui fait le point sur son action et ses prises de position ainsi qu’un rapport consacré aux droits de l’enfant. Il est aussi régulièrement auditionné par les différentes commissions des deux Assemblées.

Dans son dernier rapport annuel, rendu public en février 2016, le Défenseur des droits a constaté que l’accès aux droits est insuffisant dans notre pays, en raison d’un manque d’information sur les droits, d’une opacité de la loi, d’un certain retrait du service public et d’une réduction des fonctions d’accueil, d’orientation et d’assistance au profit de procédures numérisées. 40 % des saisines du Défenseur des droits sont des réclamations concernant les organismes sociaux, qui sont considérés par les usagers comme de plus en plus difficilement accessibles. Dans le cadre de l’enquête nationale réalisée par le Défenseur des droits « Accès aux droits – Relations des usagers avec les services publics », 54 % des personnes interrogées ont expérimenté dans les cinq dernières années des difficultés pour résoudre un problème avec une administration ou un service public. Si le Défenseur des droits est une vigie dans le respect des droits fondamentaux, les fonctionnaires et agents publics sont aussi garants de l’accessibilité de tous à ces droits et de l’égalité de traitement.

Les commémorations du 11 novembre 1918

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Le 11 novembre 1918, est signée à Rethondes l’armistice qui met fin à la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 1920, la dépouille d’un soldat inconnu est inhumée sous l’Arc de Triomphe à Paris. Une loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre un jour férié consacré à la commémoration de la victoire et de la Paix. Depuis, chaque année, le 11 novembre donne lieu à des cérémonies devant les monuments aux morts.

Avec la disparition du dernier Poilu, Lazare Ponticelli, le 12 mars 2008, le sens de la commémoration tend à évoluer. Il ne s’agit pas de célébrer la victoire de 1918 mais plutôt la fin de la guerre et l’amorce du rapprochement européen. La loi du 28 février 2012 a fait du 11 novembre le jour anniversaire de l’armistice de 1918 mais aussi de la commémoration annuelle de la victoire et de la paix. Ce jour là, il est rendu hommage à tous les morts pour la France.

 

Institut Montaigne – L’éternel décalage du couple franco-allemand – Par Dominique Moïsi – CONSEILLER SPÉCIAL ​- GÉOPOLITIQUE – paru aussi dans les Echos  – BLOG – 23 OCTOBRE 2017

Hier, la France était trop faible pour l’Europe aux yeux des Allemands. Aujourd’hui, l’Allemagne nous paraît trop frileuse face aux ambitions d’Emmanuel Macron. Pourquoi n’arrivons-nous jamais à synchroniser nos visions ?

Il y a sept mois – presque un siècle en termes émotionnels -, l’Allemagne avait peur pour la France. Et si Marine Le Pen arrivait au pouvoir ? Cette hypothèse obsédait nos amis allemands. Aujourd’hui, au lendemain des élections qui viennent de se tenir outre-Rhin, il serait très exagéré de dire que les rôles se sont inversés et que c’est désormais la France qui a peur pour l’Allemagne. L’extrême droite, en dépit de la percée spectaculaire de l’AfD, est loin d’être aux portes du pouvoir.

L’Allemagne n’est pas l’Autriche. Mais les élites allemandes et françaises se retrouvent dans une préoccupation commune. Et si l’Allemagne n’était plus capable de saisir l’ouverture exceptionnelle que constitue pour l’Europe le « moment Macron » ? Hier, ce n’était pas l’Allemagne qui était trop forte : c’était la France qui était trop faible. Aujourd’hui, ce n’est pas la France qui est trop ambitieuse pour l’Europe, c’est peut-être l’Allemagne qui ne l’est pas ou ne l’est plus assez. Hier, les Allemands se désespéraient de l’incapacité de la France à se réformer à l’intérieur et à comprendre sur le plan européen l’évidence du « fédéralisme » comme ambition et comme méthode. Et voilà qu’arrive à l’Elysée, au son de l’hymne européen de Beethoven, un président volontariste et philosophe – disciple de Paul Ricoeur et qui s’exprime comme le philosophe allemand Jürgen Habermas – parlant de « souveraineté européenne« , comme ce dernier parlait de « citoyenneté européenne« .

« Et si, cette fois-ci, c’était l’Allemagne qui n’était pas prête à suivre l’audace française ? »

Entre un président français à l’aube de son pouvoir et une chancelière d’Allemagne au crépuscule du sien, un équilibre harmonieux peut-il être enfin trouvé ? Et si, cette fois-ci, c’était l’Allemagne qui n’était pas prête à suivre l’audace française ? Ce n’est pas seulement une question de « gros sous ». Certes, il existe bien des réticences allemandes à l’idée de mutualisation des risques, qui semble à certains, vue de Berlin, comme une traduction moderne du concept de « l’Allemagne paiera ». Mais entre l’enthousiasme et l’audace désormais portées par Paris et la prudence et le pragmatisme défendus par Berlin, il y a un décalage qui ne doit surtout pas se transformer en fracture, sinon en fossé. Vu d’Allemagne, tout se passe-t-il comme si « la mariée était trop belle », ou tout du moins arrivait presque trop tard ?

En pleine campagne pour les présidentielles en France, Marine Le Pen avait eu cette formule : « De toute façon, les Français demain seront dirigés par une femme : moi ou la chancelière d’Allemagne. » Avec le recul du temps, la provocation fait sourire. Marine Le Pen est presque devenue un « détail de l’histoire », et Angela Merkel demeure la sage et expérimentée chancelière d’Allemagne, mais elle n’est plus en capacité de dicter le tempo de l’Europe.

« Il existe aujourd’hui comme un double décalage,
émotionnel et structurel, entre la France et l’Allemagne »

Comment expliquer une telle absence de « synchronisation » entre les calendriers émotionnels de la France et de l’Allemagne ? Ne pourrions-nous pas, une fois au moins, être enthousiastes et confiants non seulement ensemble, mais en même temps ? De fait, il existe aujourd’hui comme un double décalage, émotionnel et structurel, entre la France et l’Allemagne. Le pays d’Angela Merkel, globalement satisfait de lui-même – en dehors de la question de l’afflux des réfugiés, qui a coûté bien des voix à la coalition des partis au pouvoir hier -, n’est pas désireux de transformer le statu quo existant. Pourquoi changer une politique qui gagne ?

La France, à l’inverse, sent que « c’est maintenant ou jamais », pour elle comme pour l’Europe. Si elle ne se montre pas capable de se réformer en profondeur et d’appliquer son énergie à l’approfondissement et l’ajustement de l’Union, ce sera trop tard. L’histoire s’accélère autour de nous, du Brexit à la Catalogne. Si la France « rate ce moment », elle ne pourra plus revenir dans le jeu européen, et l’Europe ne pourra plus revenir dans le jeu mondial. Face à la dérive américaine, l’Europe ne peut prétendre être un modèle si elle n’est pas un acteur.

« En matière de sécurité et de défense, Paris et Londres partagent une culture commune
à laquelle il sera extrêmement difficile d’associer les Allemands »

C’est précisément sur les questions de défense et de sécurité – qui sont désormais au premier plan des préoccupations européennes – qu’il existe plus que des nuances entre l’Allemagne et la France. On peut parler même de divergence structurelle entre les deux pays non pas en termes d’identité mais en termes de culture. Sur le plan identitaire, une majorité des Français et des Allemands – et ce contrairement aux Britanniques – se sentent profondément européens. Quand ils critiquent l’Union, c’est au niveau de ses performances. Les Britanniques, eux, dénoncent avant tout l’essence du projet européen. A l’inverse, en matière de sécurité et de défense, Paris et Londres partagent une culture commune à laquelle il sera extrêmement difficile d’associer les Allemands.

Il y a certes aujourd’hui plus que des nuances entre Londres et Paris. Ainsi, les Britanniques, comme humiliés par le nouveau président américain, se comportent-ils de manière plus critique et distante à l’égard de Washington, alors même qu’ils ne conçoivent pas d’alternative européenne à l’Otan. A Paris, c’est l’inverse : Washington semble plus proche, alors même que l’Otan demeure encore un peu plus lointaine. L’explication tient peut-être au fait qu’Emmanuel Macron, de façon très « gaullienne », dominique-moisivoit l’Amérique éternelle derrière son incarnation actuelle. De Gaulle voyait la Russie ou la Chine au-delà de leur incarnation par Brejnev ou Mao Tsé-toung. Le président français est peut-être, aussi, convaincu que personne ne peut résister à son charme… pas même Donald Trump.

Alors que la crise entre Madrid et Barcelone s’approfondit sous nos yeux jusqu’à devenir une réelle menace pour l’intégrité de l’Europe, la relation franco-allemande est plus que jamais le pilier du projet européen. Pour peu que Paris et Berlin soient sur le même tempo.

 

 

World Economic Forum – Germany has way more industrial robots than the US, but they haven’t caused job losses – Written by Jill Petzinger, and published in collaboration with Quartz.

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The rise of the robots, coming first for our jobs, then may be our lives, is a growing concern in today’s increasingly automated world. Just today (Oct. 10), the World Bank chief said the world is on a “crash course” to automate millions of jobs. But a recent report from Germany paints a less dramatic picture: Europe’s strongest economy and manufacturing powerhouse has quadrupled the amount of industrial robots it has installed in the last 20 years, without causing human redundancies.

In 1994, Germany installed almost two industrial robots per thousand workers, four times as many as in the US. By 2014, there were 7.6 robots per thousand German workers, compared to 1.6 in the US. In the country’s thriving auto industry, 60–100 additional robots were installed per thousand workers in 2014, compared to 1994.

Researchers from the Universities of Würzburg, Mannheim, and the Düsseldorf Heinrich-Heine University examined 20 years of employment data to figure out how much of an effect the growth of industrial manufacturing has had on the German labor market.

They found that despite the significant growth in the use of robots, they hadn’t made any dent in aggregate German employment. “Once industry structures and demographics are taken into account, we find effects close to zero,” the researchers said in the report.

Robots are changing career dynamics

While industrial robots haven’t reduced the total number of jobs in the German economy, the study found that on average one robot replaces two manufacturing jobs. Between 1994 and 2014, roughly 275,000 full-time manufacturing jobs were not created because of robots.

“It’s not like jobs were destroyed, in the sense that a manufacturing robot is installed and then the workers are fired because of the robots—that never really happened in Germany,” study co-author Jens Südekum, from Düsseldorf Institute for Competition Economics, told Quartz. “What happened instead is that in industries where they had more robots, they just created fewer jobs for entrants.”

“In a sense the robots blocked the entry into manufacturing jobs.” “Typically around 25% of young labor market workers went into manufacturing and the rest did something else, and now more workers have immediately started in the service sector—so in a sense the robots blocked the entry into manufacturing jobs.”

The study also found that those who are already in jobs where they were more exposed to automation, were significantly more likely to keep their jobs, though some ended up doing different roles from before. The big downside for some medium-skilled workers, who did manual, routine work, was that it meant taking pay cuts.

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“This is where these wage results come in, what we find is that no one was really fired because of a robot, but many swallowed wage cuts. And this has mostly affected medium-skilled workers who did manual routine tasks.” Around 75% of manufacturing workers are medium skilled, and the wage cuts have so far been moderate, he says.

“The robots really fueled inequality.” But Germany hasn’t got it perfect. One core reason for why Germans haven’t been fired in favor of robot, is the country’s famously powerful unions and work councils, which have are often keen to accept flexible wages on behalf of workers, to maintain high employment levels.

“Unions of course have a very strong say in wage setting in Germany,” Südekum says. “It’s known that they are more willing than unions in other countries to accept wage cuts to ensure jobs are secured.”

While robots have increased productivity and profits, and not driven people into unemployment (yet), they haven’t been good news for blue collar workers in Germany.

“The robots really fueled inequality, because they benefitted the wages of highly skilled people—like managers and scientists, people with university education—they even gained higher wages because of the robots, but the bulk of medium-skilled production workers suffered.”

Institut Montaigne – Politique migratoire en Allemagne : revirement ou retour à la normale ? – Analyse de Michaela Wiegel, correspondante à Paris du Frankfurter Allgemeine Zeitung,

Immigration en allemagne

En septembre 2015, Angela Merkel a décidé d’ouvrir ses frontières aux réfugiés qui affluent en Europe. Cette “décision exceptionnelle” a conduit à l’entrée de 1,1 million de demandeurs d’asile au cours de l’année 2015. Les dernières élections législatives de septembre ont consacré l’affaiblissement de la chancelière. Le score historique du parti xénophobe, l’AfD, qui entre au Bundestag après avoir consacré une majeure partie de sa campagne au rejet de l’immigration, remet en cause la politique migratoire menée par la chancelière ces dernières années. À tel point qu’elle a accepté pour la première fois le 8 octobre dernier le principe d’un plafonnement annuel des entrées dans le pays.

Les récentes déclarations d’Angela Merkel concernant sa politique migratoire représentent-elles un tournant important par rapport à la politique menée ces dernières années ?

On ne peut comprendre ces déclarations que dans le contexte des négociations gouvernementales actuelles, en l’occurrence entre deux partis soeurs : la CDU de Merkel et la CSU bavaroise. La CSU, qui a obtenu des résultats très décevants en Bavière aux dernières élections, se voit de plus en plus concurrencée par l’AfD. Le parti bavarois tient pour responsable de son enlisement la politique migratoire d’Angela Merkel et a donc réclamé des concessions sur ce point. Les négociations n’ont pas permis de fixer un nombre exact mais de limiter à 200 000 par an le nombre d’entrées sur le territoire allemand. Cet accord pour le moins flou est caractérisé par l’expression étrange qui lui a été consacrée de “limite qui respire”.

Loin de constituer un véritable tournant dans la politique migratoire, il symbolise la volonté de reprendre le contrôle des entrées sur le territoire en Allemagne, anticipant les élections en Bavière qui se tiendront l’année prochaine. Angela Merkel avait en effet prévenu que l’accueil massif de réfugiés en Allemagne des dernières années constituait une mesure exceptionnelle pour répondre à une crise migratoire non moins exceptionnelle. Ces déclarations ne sont donc pas le symptôme d’un revirement de politique de la part de la chancelière, mais bien une réaffirmation du caractère exceptionnel de sa décision d’accueil massif depuis 2015, décision qu’elle assume entièrement.

La question de l’immigration joue-t-elle un rôle central dans les négociations en cours concernant la future coalition gouvernementale ?

Les négociations viennent tout juste de commencer et l’accord passé entre la CDU et la CSU n’est qu’un préalable à l’ouverture de celles-ci. La question de l’immigration pèse lourdement sur les débats politiques en Bavière en raison de sa position géographique. Étant située à la frontière avec l’Autriche, elle-même voisine de la Hongrie, elle se trouvait au premier plan d’une des routes empruntées par les migrants voulant s’établir en Europe de l’Ouest.

L’immigration n’est cependant pas un thème central des négociations gouvernementales qui s’ouvrent à peine, car les Verts sont en faveur de l’accueil de migrants tandis que le FDP entretient une très forte relation avec les organisations patronales, elles aussi favorables à l’accueil de migrants, qui représentent une main d’œuvre dont l’Allemagne a besoin.

Cela étant, la nouvelle coalition gouvernementale se doit de prendre en compte la montée de l’AfD, qui a fait de l’immigration un des thèmes majeurs de sa campagne. Il est donc nécessaire de s’adresser aux électeurs de l’AfD, qui révèlent en Allemagne une peur des mouvements migratoires. Ces messages de méfiance doivent être pris en considération en montrant notamment une meilleure coordination européenne dans la maîtrise de l’immigration.

Quelle est la perception par les responsables politiques allemands de la politique migratoire française ?

Le sentiment largement partagé dans le pays est celui que la France, au cours du dernier quinquennat, n’a pas soutenu l’Allemagne ni les autres pays européens dans le partage du fardeau. Cependant, les récentes déclarations d’Emmanuel Macron quant au projet d’accueil de 10 000 réfugiés – ce qui constitue une partie conséquente des 50 000 que l’Union européenne a annoncé vouloir accepter et répartir entre les États membres – ont été largement saluées en Allemagne.

Les responsables politiques allemands ont particulièrement bien accueilli la proposition du président français d’européaniser la politique migratoire, notamment à travers un meilleur contrôle des frontières extérieures européennes et des moyens d’échange d’information plus efficaces, dans le cadre d’un office européen de l’asile. Par ce biais, une demande d’asile ayant échoué dans un pays ne pourra plus être réitérée dans un autre pays de l’Union, permettant ainsi de désengorger les services dédiés.

De manière générale, un rapprochement franco-allemand semble possible sur les questions migratoires.