Le Monde diplomatique – « Manière de voir » Tout a commencé sur l’île de Robinson – par Stephen Hymer Economiste (1934-1974). Ce texte est une version abrégée d’un article publié par la Monthly Review en décembre 1971.

 

En 1719, l’écrivain britannique Daniel Defoe donne naissance au personnage de Robinson Crusoé. Voyageur anglais, celui-ci fait naufrage sur une île située à l’embouchure de l’Orénoque, au Venezuela. Pour l’économiste Stephen Hymer, la vie qu’il se compose alors — chasse, agriculture et soumission de l’autochtone Vendredi — constitue une parfaite allégorie du mécanisme qui fonde le mode de production capitaliste : l’accumulation primitive.

Le personnage solitaire de Robinson Crusoé a souvent inspiré les économistes : par ses qualités de robustesse, d’efficacité, d’intelligence et de frugalité, il incarnerait la capacité de l’espèce humaine à maîtriser la nature. L’épopée que raconte Daniel Defoe est pourtant également une histoire de conquête, d’esclavage, de prédation, de meurtre. Bref, de loi du plus fort. Que cet aspect-là du roman soit généralement occulté ne devrait pas nous surprendre puisque, comme l’observait Karl Marx, « dans les manuels béats de l’économie politique, c’est l’idylle (…) qui a de tout temps régné (1 ». Entre le Robinson Crusoé chéri par les économistes et celui du livre, il y a un gouffre aussi large qu’entre le libre-échange tel que l’enjolivent les manuels d’économie et sa réalité factuelle.

La théorie libérale du libre-échange repose sur le modèle du chasseur et du pêcheur qui s’échangent mutuellement les fruits de leur labeur, dans un lien spontané d’égalité, de réciprocité et de liberté. Or le commerce international – ou interrégional – s’exerce le plus souvent dans un rapport de subordination, et dans des conditions qui sont tout sauf pacifiques. C’est le commerce entre la métropole et l’arrière-pays, le colonisateur et le colonisé, le maître et le domestique. De même que le capital a besoin du travail pour prospérer, le commerce repose sur une répartition bien ordonnée des tâches : aux uns la conception, la planification, l’organisation, le profit ; aux autres, le travail. C’est parce qu’il est intrinsèquement inégalitaire dans sa structure et dans la répartition de ses bénéfices qu’il s’instaure et se maintient par la violence, qu’elle soit sociale (la pauvreté), symbolique (la socialisation contrainte) ou physique (la guerre).

Le processus d’accumulation capitaliste s’enclenche à partir de la rencontre de deux catégories de personnes : d’un côté, les détenteurs d’argent, désireux d’accroître leur capital en achetant à autrui sa force de travail ; de l’autre, ceux qui n’ont que leur force de travail. Une fois en marche, le capitalisme maintient cette séparation et la reproduit à une échelle toujours plus vaste. Mais, avant qu’il se dresse sur ses jambes, il doit d’abord prendre forme et donc en passer par une période d’accumulation primitive.

Dans la dernière partie du premier volume du Capital, Marx analyse le processus historique qui a conduit à la concentration des moyens de production dans les mains du capital et à son emprise sur les travailleurs. Il montre comment le travail salarié s’est propagé progressivement, par l’expropriation des populations agricoles, et explique en partie la genèse du capitalisme industriel par le pillage de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique « dans l’aube rosâtre de l’ère capitaliste » .

Dans Robinson Crusoé, Defoe illustre cet avènement à travers le personnage d’un Anglais du XVIIe siècle qui amasse du capital grâce au labeur de ceux qui travaillent dans sa plantation brésilienne d’abord, sur son île caribéenne ensuite. Bien sûr, le système mis en place par Robinson n’est pas une économie de marché telle celle qui émergera plus tard en Angleterre, mais une économie agricole et coloniale telle que la pratiquaient les premiers capitalistes dans le monde non européen. En ce sens, l’histoire de Robinson est aussi celle du sous-développement primitif.

Du personnage, on a gardé le mythe du rescapé ingénieux ne comptant que sur lui-même pour survivre, alors que, dans le roman, il apparaît au contraire comme étroitement dépendant d’un groupe plus large. Même après son naufrage, Robinson reste tributaire de l’aide et de la coopération d’autrui. Son aventure souligne donc la nature profondément sociale de toute production. Rien de paradoxal à cela : la production de l’individu isolé relève du capitalisme tout autant que celle du groupe de travailleurs socialement organisés.

A la fin du livre, Robinson a accumulé plus de richesses qu’il ne rêvait d’en posséder avant son naufrage. A la fortune de sa plantation brésilienne, soigneusement entretenue et valorisée en son absence, s’ajoutent les ressources abondantes que lui procure le système économique qu’il met en place sur « son » île. Certes, il a subi une longue période de solitude, mais celle-ci, rétrospectivement, ne paraît guère plus insupportable que l’aliénation capitaliste endurée par tous – aussi bien ceux qui travaillent pour une rémunération minuscule que ceux, comme Robinson, qui accumulent et accumulent encore, sans jamais pouvoir s’arrêter.

Durant ses années de solitude, et au mépris de la théorie économique dominante, Robinson exploite l’île pour son usage personnel, et non pour l’échange. Il découvre qu’il ne souffre d’aucune pénurie, raison pour laquelle le travail perd peu à peu toute valeur à ses yeux quand il est seul. La passion de l’accumulation, force motrice du capitalisme, disparaît. Faute de personnes à administrer et à dominer, la cupidité de Robinson s’estompe. Pour Marx, c’est la plus-value prélevée sur le travailleur qui fait la prospérité du capitaliste. Qu’on lui retire sa main-d’œuvre, et son système de valeurs s’effondre du même coup. Plus de chasse effrénée aux plus-values, l’économie de subsistance de Robinson se suffit à elle-même. Les critères d’efficacité, de performance et d’accumulation se sont fondus dans un système de valeurs plus large.

Mais dès que Robinson sort de sa solitude, son désir de contrôle et d’accumulation reprend le dessus. Ce n’est que lorsqu’il n’exploite que sa propre force de travail qu’il cesse de mesurer les choses en termes de travail. L’argent et le capital sont des relations sociales fondées sur le pouvoir. Indépendamment de ce que ressentent les capitalistes lorsqu’ils contemplent leurs stocks, c’est du pouvoir sur autrui qu’ils comptent et thésaurisent – ils s’en apercevraient certainement si, comme Robinson, ils se retrouvaient tout seuls.

A travers son personnage, Defoe ne met pas seulement en scène l’aventure d’un héros échoué par accident sur une île déserte, mais également une allégorie sur la vie des hommes en régime capitaliste : une vie faite de solitude, de dénuement, d’incertitude et de peur. L’isolement de Robinson s’avère plus tenace dans son esprit qu’il ne l’est en réalité. Chaque fois en effet qu’il se retrouve en présence d’un visiteur, il réagit avec inquiétude et suspicion. Sa méfiance instinctive illustre parfaitement l’aliénation de l’individualisme possessif, qui se concrétise de nos jours par la multiplication de résidences privées accueillantes comme des bunkers.

Robinson possède un fusil, mais ce n’est pas par la force qu’il convainc Vendredi de devenir productif. Pour que le serviteur accepte sa position d’infériorité, le maître doit apprendre à l’amadouer. Robinson dispose à cet égard d’un avantage déterminant, puisqu’il a sauvé la vie de son compagnon ; néanmoins il doit œuvrer avec prudence, en suivant un programme en plusieurs étapes, pour que l’autochtone intériorise pleinement les liens de subordination tissés par son maître et agisse en subalterne consentant et « libre ».

Du jour où Robinson découvre une empreinte de pied dans le sable jusqu’à sa rencontre avec Vendredi, presque dix années s’écoulent. Dix années de peur, d’anxiété et de vigilance, durant lesquelles notre héros réduit considérablement ses activités productives et ose à peine glisser un pied hors de sa forteresse. Quand Vendredi débarque enfin dans sa vie, il peut à nouveau déployer son génie industrieux, entreprendre, construire, accumuler. Le récit ne précise pas si Robinson tient une comptabilité, mais il ne fait aucun doute que le travail, pour lui, a retrouvé sa pleine valeur : des objectifs sont fixés, des ordres donnés, des résultats attendus. Robinson assigne à Vendredi toutes sortes de tâches, il lui explique comment faire, le sermonne, l’encourage, le gronde, lui explique encore, etc. Grâce à son serviteur, il redevient un Homo economicus. A Vendredi le travail, à Robinson le capital, c’est-à-dire l’innovation, l’organisation et la constitution d’un empire.

La période de l’accumulation primitive s’achève. Robinson est désormais à la tête d’une grande propriété, acquise non grâce à la qualité du travail fourni par le passé, mais grâce à sa possession chanceuse d’armes à feu. Malgré tout le sang versé pour la constitution de son capital, celui-ci ne fait l’objet d’aucune contestation. Vendredi a travaillé durement, il ne s’est jamais vautré dans la paresse ou la débauche, et pourtant, au terme de sa corvée, il ne possède rien. Pendant que Robinson jouit dans l’oisiveté d’une fortune qui continue de croître inexorablement, son serviteur reste aussi pauvre qu’auparavant.

Petit à petit, d’autres personnes débarquent sur l’île. Avec opportunisme, le maître des lieux tire alors avantage de son monopole sur les moyens de production insulaires pour dicter sa loi aux nouveaux arrivants. Évidemment, au fur et à mesure que son empire s’étend, les problèmes qu’il rencontre deviennent plus épineux, mais Robinson ne manque pas de ressources pour les surmonter, usant tour à tour de la terreur, de la religion, de l’inviolabilité des frontières ou du principe de délégation de l’autorité royale pour consolider sa position et exercer un ordre autoreproducteur.

L’allégorie de Robinson Crusoé nous en apprend plus sur l’économie, son histoire et sa théorie que les contes pour enfants récités par la plupart des économistes modernes. Leur obsession pour le marché et les prix permet sans doute d’évaluer la valeur des habits du héros en fonction du volume de cannes à sucre récoltées sur sa plantation brésilienne, mais elle ne nous renseigne en rien sur la relation de Robinson et de Vendredi. Pour comprendre comment le capital se constitue et s’exerce, il est préférable de quitter la sphère tapageuse du marché, où tout se déroule en surface, et de s’immerger dans les tréfonds cachés du monde de l’entreprise.

Le capitaliste dépeint par Defoe s’échoue sur une île déserte située hors du marché, mais pas hors du monde. Une île où le capital apparaît dans sa nudité originelle : imposé par la force et l’illusion, accru grâce au travail d’autrui. Le certificat de naissance du capital de Robinson n’est pas aussi sanglant que celui des grosses fortunes marchandes, mais sa nature coercitive n’en est pas moins spectaculaire.

World Economic Forum – Germany has way more industrial robots than the US, but they haven’t caused job losses – Written by Jill Petzinger, and published in collaboration with Quartz.

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The rise of the robots, coming first for our jobs, then may be our lives, is a growing concern in today’s increasingly automated world. Just today (Oct. 10), the World Bank chief said the world is on a “crash course” to automate millions of jobs. But a recent report from Germany paints a less dramatic picture: Europe’s strongest economy and manufacturing powerhouse has quadrupled the amount of industrial robots it has installed in the last 20 years, without causing human redundancies.

In 1994, Germany installed almost two industrial robots per thousand workers, four times as many as in the US. By 2014, there were 7.6 robots per thousand German workers, compared to 1.6 in the US. In the country’s thriving auto industry, 60–100 additional robots were installed per thousand workers in 2014, compared to 1994.

Researchers from the Universities of Würzburg, Mannheim, and the Düsseldorf Heinrich-Heine University examined 20 years of employment data to figure out how much of an effect the growth of industrial manufacturing has had on the German labor market.

They found that despite the significant growth in the use of robots, they hadn’t made any dent in aggregate German employment. “Once industry structures and demographics are taken into account, we find effects close to zero,” the researchers said in the report.

Robots are changing career dynamics

While industrial robots haven’t reduced the total number of jobs in the German economy, the study found that on average one robot replaces two manufacturing jobs. Between 1994 and 2014, roughly 275,000 full-time manufacturing jobs were not created because of robots.

“It’s not like jobs were destroyed, in the sense that a manufacturing robot is installed and then the workers are fired because of the robots—that never really happened in Germany,” study co-author Jens Südekum, from Düsseldorf Institute for Competition Economics, told Quartz. “What happened instead is that in industries where they had more robots, they just created fewer jobs for entrants.”

“In a sense the robots blocked the entry into manufacturing jobs.” “Typically around 25% of young labor market workers went into manufacturing and the rest did something else, and now more workers have immediately started in the service sector—so in a sense the robots blocked the entry into manufacturing jobs.”

The study also found that those who are already in jobs where they were more exposed to automation, were significantly more likely to keep their jobs, though some ended up doing different roles from before. The big downside for some medium-skilled workers, who did manual, routine work, was that it meant taking pay cuts.

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“This is where these wage results come in, what we find is that no one was really fired because of a robot, but many swallowed wage cuts. And this has mostly affected medium-skilled workers who did manual routine tasks.” Around 75% of manufacturing workers are medium skilled, and the wage cuts have so far been moderate, he says.

“The robots really fueled inequality.” But Germany hasn’t got it perfect. One core reason for why Germans haven’t been fired in favor of robot, is the country’s famously powerful unions and work councils, which have are often keen to accept flexible wages on behalf of workers, to maintain high employment levels.

“Unions of course have a very strong say in wage setting in Germany,” Südekum says. “It’s known that they are more willing than unions in other countries to accept wage cuts to ensure jobs are secured.”

While robots have increased productivity and profits, and not driven people into unemployment (yet), they haven’t been good news for blue collar workers in Germany.

“The robots really fueled inequality, because they benefitted the wages of highly skilled people—like managers and scientists, people with university education—they even gained higher wages because of the robots, but the bulk of medium-skilled production workers suffered.”

Banque mondiale – Quel avenir énergétique face à la rareté de l’eau ?

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LES POINTS MARQUANTS :

  1. L’eau et l’énergie sont deux secteurs inextricablement liés et interdépendants.
  2. Alors que ces deux ressources font l’objet d’une hausse de la demande mondiale, la pénurie d’eau menace la viabilité à long terme des projets énergétiques, avec de graves conséquences pour le développement.
  3.  Face à un avenir incertain, la Banque mondiale lance une initiative mondiale dont l’objectif est d’aider les pays à s’y préparer dès à présent.  Il s’agit de mesurer les compromis eau/énergie et d’identifier les synergies possibles entre les politiques de gestion de ces deux ressources.

La sécurité énergétique et la sécurité hydrique occupent une place capitale dans le développement humain et économique. Ces deux ressources sont aujourd’hui plus interdépendantes que jamais. Qu’il s’agisse de l’hydroélectricité, bien sûr, mais aussi du refroidissement des centrales thermiques ou encore de l’extraction et de la transformation des combustibles, la quasi-totalité des procédés de production d’énergie exige d’importantes quantités d’eau. Inversement, le pompage, le traitement et le transport de l’eau nécessitent de l’énergie, principalement sous forme d’électricité. Le couple eau/énergie est par ailleurs indispensable à la production agricole, où il est notamment nécessaire à la culture des biocarburants qui permettront à leur tour de produire de l’énergie.

Or, les ressources énergétiques et les ressources en eau sont soumises à des pressions sans précédent, et font l’objet d’une concurrence croissante de la part des populations, des industries, des écosystèmes et des économies en pleine expansion. Quand la population mondiale atteindra les 9 milliards d’habitants, la production agricole devra avoir augmenté de 50 % tandis que les prélèvements d’eau, déjà mis à rude épreuve, devront s’accroître de 15 %. D’ici 2035, la consommation énergétique mondiale augmentera de 35 %, ce qui déterminera une hausse de 15 % de l’utilisation d’eau, tandis que la consommation d’eau du secteur énergétique augmentera de 85 % selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Le changement climatique viendra ajouter davantage d’incertitude à cette situation en provoquant une variabilité accrue des disponibilités d’eau et une intensification de la fréquence et de la gravité des inondations et des sécheresses. À mesure que les températures augmentent, les fleuves et les lacs où les centrales électriques puisent l’eau nécessaire au refroidissement de leurs systèmes se réchauffent eux aussi, ce qui rendra la production d’électricité de plus en plus difficile au cours des décennies à venir.

Les risques pour le secteur de l’énergie

Dans le monde entier, les pénuries d’eau pèsent déjà sur la viabilité à long terme des projets énergétiques. Pour la seule année écoulée, les pénuries d’eau ont provoqué la fermeture de centrales thermiques en Inde, fait chuter la production énergétique des centrales aux États-Unis et menacé la production hydroélectrique de nombreux pays, dont le Sri Lanka, la Chine et le Brésil.
Près de 93 % des réserves pétrolières souterraines du Moyen-Orient sont exposés à un niveau de risque hydrique moyen ou élevé. Les pays en développement sont les plus vulnérables, car ils ont rarement les capacités nécessaires pour répondre à la forte progression des besoins.
En dépit de ce contexte inquiétant, la planification et la gestion de la production énergétique prennent aujourd’hui rarement en considération les problèmes que pose et posera de plus en plus l’approvisionnement en eau, pas plus d’ailleurs qu’elles n’intègrent les risques de phénomènes extrêmes.

Comme l’explique la directrice exécutive de l’AIE, Maria van der Hoeven, « les planificateurs et les décideurs des deux secteurs sont souvent mal informés des facteurs qui sous-tendent ces enjeux, des moyens d’y faire face et des avantages respectifs des différentes solutions envisageables sur le plan technique et politique ainsi que sur celui de la gestion et de la gouvernance ». Or, prévient-elle, « l’absence d’une planification intégrée entre les deux secteurs n’est pas viable du point de vue socioéconomique ».

En matière d’investissements énergétiques, le défaut d’évaluation des besoins en eau et d’analyse des contraintes hydriques futures a pour conséquence une hausse des coûts et des risques. De fait, l’approvisionnement en eau est considéré comme un risque important pour la plupart des compagnies d’énergie et d’électricité, qui sont nombreuses à faire état de retombées négatives sur leur activité.

Des solutions à la mesure de la complexité des enjeux

Plusieurs solutions existent pour s’attaquer au double défi de l’eau et de l’énergie, et de nombreux pays ont déjà pris l’initiative d’engager des mesures audacieuses. Les Émirats arabes unis, par exemple, s’emploient à diversifier leur panier énergétique en favorisant les énergies propres au détriment du gaz naturel. Le gouvernement a l’intention de construire la plus grande usine mondiale de dessalement solaire qui aura une capacité de traitement journalière de plus de 83,3 millions de litres d’eau potable et produira 20 mégawatts d’électricité. Les Émirats arabes unis, qui abritent déjà la plus grande centrale et station de dessalement du monde, montrent ainsi comment l’on peut trouver des solutions intégrées au double défi de l’eau et de l’énergie.

Les pays peuvent également réduire leur dépendance hydrique en installant d’autres systèmes de refroidissement dans les centrales thermiques, en étudiant les possibilités de traitement des eaux saumâtres et salines, en améliorant l’efficacité des centrales électriques et en remplaçant celles qui sont anciennes et peu performantes. Par ailleurs, on sait aussi que les centrales hydroélectriques au fil de l’eau sont, par rapport à celles alimentées par un réservoir, davantage à même de gérer les variations hydrologiques d’origine climatique.

Ces solutions sont néanmoins tributaires de nombreux facteurs, dont la technologie, l’environnement et les aspects financiers, sans compter qu’elles doivent tenir compte des spécificités propres aux sites concernés. Une bonne intégration des secteurs de l’énergie et de l’eau, au niveau de la planification et des décisions d’investissement, permet d’aborder convenablement toutes les complexités que pose ce double enjeu.

Une dynamique à enclencher

Face à ce défi, et afin de limiter les risques qui en découlent, la Banque mondiale a lancé une nouvelle initiative baptisée thirsty energy (« l’énergie a soif ») et dont l’inauguration officielle a eu lieu cette semaine à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), à l’occasion du Sommet mondial des énergies du futur.

Cette initiative vise à aider les gouvernements à se préparer pour un avenir incertain et à dépasser les cloisonnements qui font obstacle à une planification intersectorielle. Il s’agit de mesurer les compromis entre la gestion des ressources hydriques et celle des ressources énergétiques, et d’identifier les synergies possibles.

L’un des atouts majeurs de cette initiative réside dans le fait qu’elle prend le secteur de l’énergie comme point de départ pour promouvoir le dialogue, mettre au point des solutions et ajuster les approches en fonction des ressources disponibles et des réalités institutionnelles et politiques du pays concerné.

L’initiative montre l’utilité d’une gestion conjuguée de l’énergie et de l’eau au moyen de travaux réalisés à la demande d’un certain nombre de pays. Illustrant ainsi comment on peut favoriser un développement durable grâce à des outils opérationnels de gestion des ressources fondés sur des données factuelles, elle produit des connaissances qui pourront être partagées à plus grande échelle avec d’autres pays confrontés à des problèmes analogues.

World Economic Forum – The UN has a 17-step plan to save the world – Written by Simon Brandon, Freelance journalist.

 

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This article is part of the Sustainable Development Impact Summit

If you have too many things you need to do, it’s best to write them down. Saving the world, it seems, follows the same principle.

In 2015, the UN announced a 17-point to-do list to transform the world for the better. Between them, these sustainable development goals (SDGs) aim to end all poverty, fight inequality and tackle climate change within the next 15 years, in order to fulfil the UN’s 2030 Agenda for Sustainable Development.

The SDGs were agreed upon at a UN summit in September 2015 by a staggering 193 countries. Announcing them to the world, the UN declared: “We resolve, between now and 2030, to end poverty and hunger everywhere; to combat inequalities within and among countries; to build peaceful, just and inclusive societies; to protect human rights and promote gender equality and the empowerment of women.”

The stated goals are pithy and unequivocal, and contain between them 169 targets to be met by 2030. So what are they?

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That’s some to-do list. It’s not the first of its kind, however. In 2000, the UN announced a set of eight millennium development goals (MDGs). There is plenty of overlap between the two lists; the MDGs included pledges to eradicate extreme poverty and hunger, to promote gender equality and to ensure environmental sustainability, for example.

But there are also big differences. The MDGs were aimed only at developing countries, while the SDGs are global. And despite their laudable intentions – not to mention some impressive progress – the MDGs came under fire from several quarters.

They were criticised for a lack of focus on social justice and inequality. The UN’s own assessment of progress towards the MDGs found that the needs of the most vulnerable – the poorest members of society, and those disadvantaged by gender, age, disability or ethnicity – were often overlooked. Another critique offered was that the goals had been drawn up without sufficient consultation of the very people they sought to help.

In crafting the SDGs, however, the UN took these criticisms on board. It launched what it called an “unprecedented outreach effort”, in which 5 million people from all over the world were consulted on their visions for the future. Nearly 10 million votes were cast in a survey of people’s priorities – the results are below:

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The key to success, according to the UN, will be inclusivity: multi-stakeholder partnerships, as demanded by goal 17, that bring together local and regional governments, the private sector and civil society.

“Collaboration for the SDGs isn’t a nice to have, it’s an imperative. We need everyone: businesses and private investors must join with local stakeholders, governments, philanthropists, and experts,” says Terri Toyota, Head of Sustainable Development at the World Economic Forum. The Forum’s Sustainable Development Impact Summit will take place in September, aiming to make these connections happen.

The SDGs are unquestionably – and necessarily – ambitious, and time is short. With more than 18 months since the goals came into effect, what sort of progress has the world been making? In July this year, the UN published the first annual SDG progress report. The verdict: patchy.

“Implementation has begun, but the clock is ticking,” said UN Secretary-General Antonio Guterres in a statement. “This report shows that the rate of progress in many areas is far slower than needed to meet the targets by 2030.”

It’s not all bad news, by any means. Remarkable progress has been achieved in some areas over the past two decades: the report points out that the number of people living in extreme poverty worldwide has fallen sharply from 1.7 billion in 1999 to 767 million in 2913, for example, while the numbers of deaths during pregnancy or childbirth fell by 37% between 2000 and 2015.

But overall, progress has been inconsistent. Goal 4, which calls for quality education for all, has so far enjoyed little success: the proportion of primary school age children out of education globally has remained around 9% since 2008. As for goal 17 – the call for partnerships to meet these targets – the report is blunt: “A stronger commitment to partnership and cooperation is needed to achieve the SDGs.”

There is still a long way to go to reach an ambitious destination. But nobody ever said saving the world would be easy.

 

World Economic Forum – This is how Switzerland’s direct democracy works – Written by Micol Lucchi, Swiss Public Affairs Specialist

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More than its snow-capped mountains and nifty, collapsible army knives, Switzerland is perhaps best known for its system of democracy. Known as « direct » democracy, it’s a legal framework that enables all Swiss citizens over the age of 18 to vote on how the country is run.

The system has some high-powered admirers. France’s newly elected President Emmanuel Macron has said he wants a similar system of referendums in place for French voters. But it can also produce unexpected results, such as a veto on the building of minarets or a proposal for all cars to be banned from the roads on Sundays.

Here are a few other facts about Switzerland’s political system:

  • Switzerland has a population of 8.2 million people, of which 24% are foreign nationals, spread across 26 cantons.
  • The fundamental principle of direct democracy is that all citizens take part in decision-making and there’s a strong respect for minorities. Unfortunately, this wasn’t extended to women, who were not given the vote until 1971 (and even until 1991 in the case of one canton).
  • In the canton of Appenzell Innerrhoden, the People’s Assembly (Landsgemeinde) still chooses its representative in the Council of States by a show of hands.
  • The government, also called Federal Council, is the executive power. It is composed of seven Federal Councillors from several Swiss political parties, which are elected by the Federal Assembly every four years and share the duties of a head of state. Federal Councillors rotate and every year one takes on the role of president.
  • The Swiss political scene is dominated by four main parties: the Swiss People’s Party, the Social Democrats, the Liberals and the Christian Democratic Party.
  • In recent years, the Green Party has emerged, as well as a small number of minority parties. The “Anti PowerPoint Party”, for example, was a political party in Switzerland that worked to decrease the use of PowerPoint in professional presentations. They claimed that PowerPoint software was economically harmful.
  • Popular votes can be held up to four times a year. The Federal Council decides a couple of months in advance which proposals will be voted on and releases the dates of the votes even earlier. Currently all the dates have been fixed from now until 2034.

A rich backstory

The democratic roots of Switzerland travel in many directions and cross several centuries. During the Renaissance, humanists striving for freedom from Rome offered different interpretations to religion that were closer to the needs of people and political independence. The three main reformist streams – represented by John Calvin, Ulrich Zwingli and Erasmus of Rotterdam – also show the roots of direct democracy in the country’s religious past, as they veer from an intransigent theology to an open and humanistic outlook.

Centuries later, Friedrich Schiller celebrated the fight for Swiss independence from foreign occupiers in his masterpiece William Tell, which underpins a bottom-up democracy. Meanwhile, some cantons such as Ticino decided to join the Confederation just to enjoy religious freedom after the Napoleonic wars.

Switzerland’s Federal Constitution was completely changed in 1874. The importance of the cantons was lessened in favour of the country’s central administration. People moving between cantons were given full voting rights after three months, which was beneficial to those moving from rural areas to big cities at the time, and referendums at a federal level were introduced. The revision of the constitution had to be voted on too, of course, and was approved with 63% of the vote.

The instruments of direct democracy

There are three instruments of direct democracy, all types of referendum: mandatory, popular initiative and optional. A vote must be held on any amendment to the constitution resulting in a mandatory referendum. A double majority, meaning the consent of a majority of the people and of the cantons is required to amend the country’s constitution.

Citizens can launch a popular initiative to demand a change to the constitution. Any Swiss citizen who is eligible to vote can sign a popular initiative and a group of at least seven citizens (the initiative committee) can launch their own popular initiative. Before a vote is held on a popular initiative, the initiative committee must collect 100,000 valid signatures in favour of the proposal within a period of 18 months.

The Federal Council and Parliament will recommend whether the proposal should be accepted or rejected. For the proposal to be accepted a double majority is needed. If it is accepted, new legislation or an amendment to existing legislation is normally required to implement the new constitutional provision.

Popular initiatives were introduced at federal level in 1891. Two hundred popular initiatives have been voted on since then, but only 22 have been accepted. In 2016, a popular initiative to give everyone in the country a basic income made it to the referendum stage, but was rejected by 76.9% of voters. A popular initiative proposing six weeks of holiday a year for workers was also rejected at the polls.

One of the closest votes in recent history was in 2002 in a popular initiative referendum, started by the right-wing Swiss People’s Party. Less than 50.1% of voters rejected proposals to curb the number of asylum seekers entering the country – just 3,000 more than those who were in favour of the initiative.

Power to the people

While parliament passes new legislation and amendments to existing legislation, citizens can call for a referendum on new laws and against certain international treaties. This right to request an optional referendum is an important element in Swiss direct democracy.

For such a referendum to be held, either eight cantons must request it (this is a cantonal referendum) or 50,000 signatures from eligible voters must be collected within 100 days. The new law comes into force if a majority of those voting say yes (a simple majority). If the majority vote no, the current law continues to apply. This type of referendum was introduced in 1874. Since then, 180 optional referendums have been held, 78 of which have been unsuccessful.

But how do Swiss citizens feel about this democratic system, which relies on greater involvement from the electorate? Roughly 65% of Swiss citizens are satisfied with their government, according to Cheryl A. Fain’s book Modern Direct Democracy in Switzerland and the American West. Nevertheless, according to Idea International, Swiss voter turnout in 2015 amounted to just 48.4% of the eligible electorate.

But Stefan Rey, from the Institute of Political Science at Zurich University, claims that democracy gives people more satisfaction, even if they don’t exercise their rights. Direct democracy has a curious effect on voter turnout – it seems the more of a voice people have, the less often they turn out to vote.