Journal La Croix – Barbara Jatta, diplomate de la beauté – par Nicolas Senèze

 Nommée il y a tout juste un an, la première femme directrice des Musées du Vatican a donné un nouveau dynamisme à une institution cinq fois centenaire dont elle a fait un outil au service de la diplomatie du Saint-Siège

Barbara Jatta redynamise la vénérable institution vaticane. / Renato Cerisola

A peine terminée une interview pour un site Internet d’information italien qui l’interrogeait devant les statues antiques du Musée grégorien profane, la voici face à la caméra d’une télévision. Devant les bas-reliefs antiques, elle répond encore une fois avec calme et précision aux questions pressantes des journalistes sur l’exposition que le Vatican vient d’annoncer à la Cité interdite de Pékin, en Chine. Et avec toujours le même sourire et ce geste, d’une élégance si romaine, pour repousser derrière l’oreille une mèche de cheveux blonds. Avant de repartir d’un pas rapide vers son prochain rendez-vous, tout en réglant quelques détails avec une collaboratrice.

Depuis sa nomination, il y a un an, Barbara Jatta ne s’est pas arrêtée un seul instant, rompant avec le calme feutré de la Bibliothèque vaticane où elle a exercé près de vingt ans entre dessins et gravures, avant de devenir la première femme directrice des Musées du Vatican. Et la seule, actuellement, à la tête d’un grand musée mondial. D’où les multiples sollicitations des médias internationaux, comme de ses confrères à travers le monde, et les longues négociations avant d’avoir enfin une brève rencontre dans son bureau d’angle, en haut d’un discret escalier entre l’entrée des Musées et la Pinacothèque.

Vue imprenable sur la coupole

Cette tour de contrôle avec vue imprenable sur la coupole de la basilique Saint-Pierre est une véritable ruche d’où Barbara Jatta coordonne ses multiples projets, auxquels s’ajoute la gestion quotidienne d’une machine d’un millier d’employés qui génère un bon tiers des ressources financières du Vatican. En une année, elle a dû suivre les nombreux travaux de restauration, monter et accompagner plusieurs expositions à l’étranger, suivre l’activité éditoriale et les multiples colloques organisés et choisir de nouveaux responsables pour deux secteurs clés : la restauration des peintures et le laboratoire… Chaque fois, son choix s’est porté sur les compétences internes de la maison.

 « Je veux essayer de montrer la grande valeur de tous ceux qui travaillent ici depuis des années », explique cette fille et sœur de restauratrices, « née dans l’odeur des solvants », et qui tente de donner un nouveau dynamisme à la vénérable institution vaticane vieille de cinq siècles. Un nouveau site Internet a ainsi vu le jour, qui rend plus efficaces l’achat et la réservation des billets d’entrée, mais permet aussi d’accéder au catalogue des œuvres exposées. « C’est important pour préparer la visite et aussi montrer toute la richesse de nos collections », insiste celle qui accueille chaque année entre ses murs plus de 6 millions de visiteurs dont la plupart se précipitent bien souvent à travers les longs couloirs pour se rendre à la chapelle Sixtine avec quelquefois, pour les plus curieux, un détour par la Pinacothèque et tableaux des plus grands maîtres, ou le Belvédère et ses célèbres sculptures comme l’Apollonou le Laocoon.

Gérer le flux des touristes

« Pour un directeur de musée, c’est très bien d’avoir du monde. Mais c’est aussi un problème », reconnaît-elle, confessant sa difficulté à gérer les flux de touristes. « Il faudrait pouvoir amener les visiteurs là où ils viennent moins comme notre musée étrusque et ses très riches collections », explique-t-elle. Sauf qu’il faut faire avec des bâtiments multiséculaires, tous inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco et qu’elle ne peut modifier à sa guise pour les adapter à une muséographie plus moderne. La seule restauration, en cours, de la Chambre de Constantin, la dernière des « salles de Raphaël » exécutées par ses élèves mais où deux peintures du maître viennent d’être identifiées, a obligé les Musées à des trésors d’inventivité pour ne pas gêner le flux des visiteurs dans le cœur du Palais pontifical.

Elle cherche donc à donner une nouvelle vie à des endroits malheureusement oubliés des musées. Pour faire redécouvrir le Musée Pio-Clementino, qui, à l’écart de la foule, conserve parmi les plus beaux trésors de la sculpture romaine, elle a ainsi invité les élèves des Beaux-Arts à venir travailler sur place pour copier les antiques. « Un musée doit être un lieu vivant où les artistes doivent pouvoir venir travailler sur les œuvres anciennes. Michel-Ange a commencé en étudiant les dessins de Giotto et Masaccio, et le Bernin, dont on conserve 350 dessins à la Bibliothèque vaticane, a passé trois ans à copier les grandes sculptures de l’Antiquité », rappelle cette spécialiste du dessin – pour elle « le père des arts ».

Les musées comme lieux de dialogue

Aujourd’hui, les travaux des étudiants sont exposés aux côtés de leurs modèles antiques. « Hier soir, des professeurs d’un lycée artistique m’ont demandé s’il serait possible de faire la même chose avec leurs lycéens », se réjouit-elle, parfaitement dans l’esprit du pape François qui veut que les musées soient des lieux de dialogue : « Il nous dit qu’ils ne doivent pas être des endroits poussiéreux mais un lieu où chacun doit pouvoir venir et se sentir à l’aise, un endroit qui soit proche d’eux. »

Ce dialogue se vit aussi dans les multiples expositions que les Musées du Vatican ont développées à travers le monde. Ces derniers mois, Barbara Jatta a ainsi promu une exposition au Chili sur « les mythes de Rome », la première sur l’archéologie romaine en Amérique latine, et une autre au Mexique intitulée : « De Pierre à François ». Et elle revient tout juste de Washington où elle a participé à l’inauguration du Musée de la Bible – à deux pas du Mall et du Capitole – auquel le Vatican a fourni plusieurs reproductions d’œuvres, dont la célèbre statue du Bon Pasteur et le sarcophage de Jonas, ainsi que des reproductions de haute qualité de manuscrits de la Bibliothèque vaticane. « Une présence importante de l’Église catholique dans un musée qui rassemble juifs et protestants », se félicite-t-elle.

Barbara Jatta ne cache pas, en effet, la dimension « diplomatique » que le pape François a assignée aux musées. Ce qu’elle appelle elle-même « la diplomatie de l’art », soulignant au passage « être toujours en contact avec la Secrétairerie d’État », le bras diplomatique du pape. L’an dernier, 42 chefs-d’œuvre du Vatican ont ainsi été exposés à Moscou. Un événement qui a dégarni un temps les musées de quelques-uns de ses Raphaël, le Caravage, Véronèse, Poussin ou le Pérugin, mais qui a été célébré aussi bien par Vladimir Poutine que par l’Église orthodoxe russe avec qui les relations ne cessent de s’améliorer. En retour, la galerie Tretiakov va présenter l’an prochain plusieurs de ses plus belles icônes dans la galerie du Bras de Charlemagne, tout à côté de Saint-Pierre.

Mais le plus grand succès de cette diplomatie culturelle est sans conteste l’annonce, fin novembre, de deux expositions croisées qui se dérouleront en 2018 à Rome et à la Cité interdite de Pékin, et ce, alors même que le Saint-Siège et la Chine n’ont même pas encore de relations officielles. Un projet délicat qu’elle aura géré de bout en bout – le premier depuis qu’elle a pris les rênes des Musées – et qu’un représentant chinois, dirigeant d’un important fonds d’investissement culturel lié au gouvernement, a même considéré comme un espoir vers « la normalisation des relations diplomatiques » entre Rome et Pékin.

 « Cette diplomatie est importante car elle permet une ouverture vers des pays et des cultures éloignés de nous mais qui se rapprochent grâce aux ponts que jettent ces expositions », confie-t-elle, tout en reconnaissant « n’avoir rien inventé » : « Cela se greffe sur une tradition pluriséculaire de l’Église qu’il nous appartient aujourd’hui de réinterpréter de façon créative en nous confrontant en permanence avec la scène mondiale. Et je crois que c’est ce que le pape attend aujourd’hui de “ses” musées ».

bio express

6 octobre 1962. Naissance à Rome.

1981-1996. Restauratrice à l’Institut national du graphisme.

1986. Diplôme en lettres de l’université romaine de La Sapienza avec une thèse sur l’histoire du dessin et de la gravure.

1991. Spécialisation en histoire de l’art et administration des archives. Part étudier en Angleterre, au Portugal et aux États-Unis.

1994. Professeur d’histoire des techniques et arts graphiques à l’université Sœur-Ursule Benincasa de Naples.

1996. Responsable du cabinet des estampes de la Bibliothèque vaticane.

2010. Conservatrice des estampes à la Bibliothèque vaticane.

Juin 2016. Vice-directrice des Musées du Vatican, aux côtés de l’historien Antonio Paolucci.

1er janvier 2017. Nommée directrice des Musées du Vatican par le pape François.

World Economic Forum – 11 books on the future of humanity that everyone should read – written by Leanna Garfield, Reporter, Tech Insider, published in collaboration with Business Insider.

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More on the agenda

No one knows for sure what the next decade, century, or millennium will look like.

But many writers have imagined the future in their work, inviting us to travel through time.

We asked Lynn Lobash, manager of the New York Public Library’s Reader Services department, to recommend the books about the future that everyone should read.

Here are 11, and you can see more recommendations at the NYPL’s site.

« Children of the New World: Stories » by Alexander Weinstein

This novel features 13 short stories that imagine what the future could look like.

Much like the Netflix series « Black Mirror, » the narratives are a bit unnerving, and include social media implants, memory manufacturers, immersive virtual reality games, and human-like robots.

« The Handmaid’s Tale » by Margaret Atwood

« The Handmaid’s Tale » is set in a dystopian future where an oppressive and religious organization takes over the US government. Young women are kidnapped, removed of their identities, and forced to bear children who are taken from them.

The story, published in 1985, touches on modern themes, like feminism, moral relativism, sexuality, and the manipulation of power. It was also recently adapted into a popular Hulu show.

« The Sixth Extinction: An Unnatural History » by Elizabeth Kolbert

Combining science and history, Kolbert highlights humans’ impact on the environment in this Pulitzer Prize-winning book published in 2014.

By burning fossil fuels, we are impacting the atmosphere, oceans, and climate, forcing millions of species into extinction, she says. Kolbert combines vivid descriptions of natural wonders, like the Great Barrier Reef, and wild experiences, like venturing into a bat cave, to explain Earth’s present and possible future.

« This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate » by Naomi Klein

Klein challenges readers to abandon capitalism and restructure the global economy and our political system to move toward a greener future. She makes the case that moving away from capitalism will not only reduce CO2 emissions, it will also help close inequality gaps and build a better democracy.

We can either embrace radical change or the Earth will change radically, she argues in the 2014 book. Staying neutral in the climate debate is no longer an option.

« In 100 Years: Leading Economists Predict the Future, » edited by Ignacio Palacios-Huerta

In this 2015 book, 10 prominent economists, including several Nobel laureates, offer their takes on what the world could look like in the twenty-second century.

These thinkers consider the future of work, salaries, equality, technology, and climate change, among other topics.

« Physics of the Future: How Scientists Will Shape Human Destiny and Our Daily Lives by the Year 2100 » by Michio Kaku

In his 2011 book, physicist Michio Kaku discusses developments in technology, medicine, and travel, and predicts inventions the world may have a hundred years from now.

Among his predictions: space elevators, Internet-enabled contact lenses, and flying cars.

« The Extreme Future: The Top Trends That Will Reshape the World in the Next 5, 10, and 20 Years » by James Canton

Canton, an advisor to three presidents spanning three decades, predicts future trends in business, technology, terrorism, the environment, and medicine.

Published in 2007, it’s touted by NYPL as the essential forecasting handbook for the next 20 years.

« 1984 » by George Orwell

Published in 1948, this dystopian fiction novel by George Orwell imagined life in 1984. In a grim future, citizens are constantly monitored and controlled by Big Brother and the Thought Police.

He paints a haunting view of the world and warns about the dangers of totalitarianism in a tome that’s still relevant today.

« Fahrenheit 451 » by Ray Bradbury

In this dystopian 1953 novel, protagonist Guy Montag is a fireman in a world where television rules everything. Literature is on its way to extinction, and Montag’s duty is to light the books on fire.

Like 1984, it highlights the dangers of mind control and a totalitarian state.

« Brave New World » by Aldous Huxley

In Huxley’s future, babies are born in labs, and society discourages individual action and thought. Although the world is peaceful, the protagonist, Bernard Marx, wonders if there’s something more out there.

« Brave New World, » published in 1932, eerily anticipates developments in reproductive technology, sleep-learning, and psychology.

« 2001: A Space Odyssey » by Arthur C. Clarke

In this 1968 novel (developed in conjunction with Stanley Kubrick’s film), artificial intelligence takes over a space craft — with hopes of taking over the universe.

Named HAL 9000, the computer system is so advanced that it’s capable of guilty, neurosis, and even murder. The bot controls the space craft, so the crew attempts to overthrow it.