« Le travail est l’avenir de l’homme » de Nicolas Bouzou – Économiste et chroniqueur à l’Express- Edition de l’Observatoire

Résultat de recherche d'images

C’est une ode au travail, l’auteur pointe du doigt l’irrationalité qui est mise en avant par les tenants de la fin du travail ou sa raréfaction ou le revenu universel. Le travail pour lui est profondément humain. Les animaux ne travaillent pas, ils vivent, cherchent de la nourriture, jouent et dorment, mais ils ne construisent pas un monde différent de la nature.

Le travail est le propre de la condition humaine, il évolue avec nous. Nous construisons et fabriquons des objets qui vont nous accompagner dans la transformation du monde. Ce qui explique que le travail change car notre besoin aussi change.

Ceux qui parlent de la fin du travail construisent et confortent leurs idées sur l’étude de 2013 menée par Carl Frey et Michael Osborne de  l’Université d’Oxford, selon la quelle 47% des emplois seront automatisés à l’horizon de 2034 aux états unis, tout en faisant remarquer que ce sont les emplois routiniers qui sont les premiers concernés ce que les économistes dénommaient « le progrès technique biaisé ». Les propos de JimYongKim directeur de la Banque Mondiale ciblant les pays nouvellement industrialisés et concluant que les deux tiers des emplois pourraient être détruits à cause de l’automatisation.ont aussi apporté de l’eau à leurs moulins. Force est de constater que les évolutions technologiques récentes comme l’intelligence artificielle conjuguées avec  une accumulation de données sans précédent(le big data) permettent d’automatiser des métiers moins routiniers qui concernent les classes moyennes. Ce ne sont plus les métiers d’en bas qui sont visés mais ceux du milieu. Cependant un peu de précaution est nécessaire, il suffirait que la création d’emploi nouveau puisse compenser la perte des anciens métiers, ce qui laisserait dire que théoriquement la destruction des emplois routiniers n’impactent pas sur le chômage et n’est pas un problème macro économique. Une politique économique saine doit libérer les créations d’emplois et non entraver les destructions. Les économistes du travail ont tendance à dire que la destruction des emplois constitue un signe de bonne santé économique et de progrès.

Cette étude oxfordienne fut elle de qualité, toutefois, elle entretien une confusion entre taches et métier. La technologie peut avoir trois conséquences sur le travail :

  • – Elle peut remplacer totalement un emploi, parce qu’elle l’automatise. C’est le cas des liftiers aux états unis depuis les années 1950.
  • Elle peut faire disparaitre des tâches à l’intérieur d’un métier qui survit, les secrétaires ne font plus de sténographie mais organise des agendas, accueillent des clients et s’occupent de l’administration générale, on les appelle des office managers. Les concierges n’ouvrent plus la porte des immeubles mais veillent à entretenir un climat de vie agréable, ce qu’aucune technologie ne fera jamais.
  • Elle peut faire disparaître un produit et les métiers qui lui sont associés, l’automobile a tué les métiers liés aux fiacres et l’électricité a signé la mort des allumeurs de réverbères. Il n’existe plus de fabricants de machines à écrire. C’est le cœur de la théorie schumpétérienne de la destruction créatrice.

L’histoire nous montre que la majorité des emplois ne sont que partiellement automatisables. L’étude de McKinsey Global Institute sur 46 pays représentant 80% de la force de travail mondiale a trouvé  que moins de 5% étaient susceptible d’être entièrement automatisés et que 60% comprenaient des tâches automatisables. Quand le remplacement par la machine est total, le nombre d’emploi dans la profession diminue mécaniquement, ainsi les poinçonneurs et les lavandières ont totalement disparu de nos villes. Ce n’est pas le cas, lorsque seule une partie des taches est remplacée par l’automatisation. L’emploi peut diminuer ou augmenter, ainsi l’introduction du métier à tisser n’a pas réduit le nombre de tisserands au XIXème siècle. L’automatisation permet des gains de productivité qui permettent de baisser les prix, exemple les vêtements. Une demande élastique au prix, entraîne une augmentation de la demande, la technologie permet d’attirer des nouveaux consommateurs et l’activité se développe entraînant l’ouverture de nouvelles usines et magasins.

L’auteur

Nicolas Bouzou.jpgNicolas Bouzou, est un essayiste français libéral spécialisé dans l’économie. Il est diplômé de l’université Paris-Dauphine et a un master de finance de l’IEP de Paris. Il a été pendant six ans analyste en chef de l’institut de prévisions Xerfi. Il a depuis 2006 fondé sa propre entreprise, Asterès, une société d’analyse économique et de conseil.

 

 

CHANSON DOUCE, LEÏLA SLIMANI Editeur Gallimard (PRIX GONCOURT 2016)

 

chanson-douce-leila-slimani.jpg

Comme Alfred Hitchcock, dans son adaptation de Rebecca et Mrs. Danvers, son horrible gouvernante, Leïla Slimani nous fait emprunter le chemin de la mort, dont l’animatrice principale est une nounou pas comme les autres, recrutée après des entretiens d’embauches rigoureux. Le couple (Paul et Myriam), la jeune femme, avocate, souhaitant retravailler, se met en quête de la nounou parfaite, et choisi Louise, une perle rare, la personne adéquate pour s’occuper de deux enfants et administrer le foyer, permettant à chacun, mari et femme de vaquer à leurs activités professionnelles, sans aucune culpabilité.

Les enfants s’entendent très bien avec Louise, son assiduité, ses heures supplémentaires sans jamais rien réclamer, l’appartement qui est toujours nettoyé à la perfection à la fin de la journée, les délicieux repas qu’elle prépare. Louise devient incontournable dans la famille, indispensable aux yeux des enfants comme des parents, au point même de l’emmener avec eux en vacances l’été. Puis petit à petit vient l’éloignement progressif, à cause de petits évènements qui se succèdent, quand elle maquille à l’excès la fillette de quatre ans, ou quand elle refuse le gaspillage au point de nourrir les enfants avec des aliments périmés récupérés dans la poubelle familiale. A partir de là, Louise est moins désirée dans la famille et personne ne sait comment la faire partir, jusqu’au drame, qui est cet assassinat de deux enfants par la Louise qui les aimait tant. C’est ainsi que commence cette « chanson douce » de Leïla Slimani. Elle titillera par la suite nos sentiments, à chaque page. L’isolement de Louise, qui appartient à cette famille sans en faire partie et qui rentre tard, seule, chez elle le soir avec la peur au ventre d’être rejetée, elle sait tout de cette famille qui ignore tout d’elle. Les qualités de Louise ne nous empêchent d’avoir des doutes, elle est, (trop) dévouée, (trop) irréprochable, (trop) indispensable. Comment dire à Louise qu’elle occupe trop de place quand elle est en même temps si essentielle à Myriam et Paul ?

Puis, on assouplit nos positions car l’auteure nous livre subtilement les aspérités de cette femme, les accidents de sa vie ; cette femme, seule, qui n’a jamais connu ni le plaisir, ni le bonheur réussit le tour de force de nous submerger d’émotion et on se sent porté par l’empathie… ! Egarée dans cette vie qui ne lui a rien épargné, Louise se perd jusqu’à entreprendre l’irréparable. Le roman commence en révélant, dès le premier chapitre, l’assassinat de deux enfants et la tentative de suicide de leur nourrice « qui n’a pas su mourir »… Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

D’autres personnages sont superbement construits et donne à ce livre une belle image d’aujourd’hui. Ainsi « Chanson douce » monte en puissance de page en page, jusqu’à l’overdose de décibels. C’est une histoire qui se lit facilement, dont le rythme ne faiblit pas mais qui m’a déçue. D’abord, on s’étonne que les parents soient si fantomatiques dans l’intrigue. Comment passer du statut de mère au foyer à celui de mère absente sans jamais manifester la moindre trace d’un questionnement ? Comment certains écarts de comportement de Louise ont-ils échappé aux parents, alors que Mila, la petite fille, sait parler ? J’ai aussi trouvé ce couple très égoïste, mais à leur décharge c’est aussi un peu le reflet du mode de vie actuel. Tous deux ont des professions qui leur demandent une totale implication. Ils ne comptent pas leurs heures, pensent être obligés d’en faire autant et pendant ce temps, une araignée tisse sa toile lentement pour un jour leur enlever ce qu’ils ont de plus cher et qu’ils ont pourtant délaissé, leurs enfants. Enfin, on reste seul avec ses questions à la fin de l’histoire. Par choix peut-être, Leïla Slimani ne livre qu’une explication sommaire de la psychologie de Louise qui ne semble pas justifier le drame qui s’est joué dans l’appartement. Est-ce pour nous faire passer le message qu’une tragédie est parfois difficile à analyser et à expliquer ? Je ne sais pas mais le résultat reste frustrant. De même, on ignore tout du destin de Stéphanie, la fille de Louise. En tournant la dernière page, je reste avec le sentiment d’avoir parcouru un livre divertissant mais sans grande originalité… et surtout, un roman qui me laisse un goût d’inachevé. « Chanson douce » paru faisait parler beaucoup de lui et il s’est donc retrouvé parmi mes lectures de l’an dernier bien après Petit Pays de Gaël Faye. J’ai repoussé sa lecture, car j’avais des lectures qui étaient prioritaires, mais il était en bonne place dans ma pile à lire.

L’idée de ce récit est née dans l’esprit de Leïla Slimani après avoir découvert un fait-divers similaire dans les journaux. La graine était plantée dans son imagination, restait à imaginer les personnages et leurs ambiguïtés. Pour cela, l’auteure est en partie allée chercher dans son expérience personnelle. Mais elle affirme au HuffPost Maghreb ne pas s’en être « inspiré pour la construction de ses personnages ». Les aspects complexes des personnalités, l’écrivaine est allée les puiser chez elle. Lorsqu’elle a commencé à se plonger dans ce roman, Leïla Slimani était elle-même à la recherche d’une nounou. Difficile alors de ne pas imaginer le pire après avoir découvert ce fait-divers macabre.

Leïla Slimani  est une journaliste et écrivaine franco-marocaine. Elle a notamment reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman, Chanson douce.Après son baccalauréatLEÏLA SLIMANI.jpg obtenu au lycée français Descartes à Rabat en 1999, elle vient à Paris pour ses études en classes préparatoires littéraires au lycée Fénelon. Elle sort ensuite diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle s’essaie au métier de comédienne (en participant au Cours Florent) puis décide de compléter ses études à l’ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose une formation à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord. Elle démissionne de la rédaction de Jeune Afrique en 2012 pour se consacrer à l’écriture littéraire tout en restant pigiste pour le journal.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné dans les cinq finalistes pour le prix de Flore2014.

Au second tour de l’élection présidentielle de 2017, elle apporte son soutien à Emmanuel Macron pour faire barrage «au déclinisme et à la haine» de Marine Le Pen.

SERIE D’ETE DE L’EXPRESS, Chaque semaine, une nouvelle ayant comme décor une région de France, c’est L’EXPRESS qui nous le fait vivre avec six auteurs différents. Pour cette semaine, mortelle randonnée autour de Banyuls et de la côte Vermeille – Sopor par Franck Thilliez.

Banyuls 1Le jeune auteur s’est lancé un défi d’écrire un texte avec seulement vingt cinq lettres de l’alphabet sans le O disparut. Il se lève du fauteuil et se traine vers la fenêtre. Les vignes à perte de vue,Banyuls Banyuls en mire, alanguie face à la mer, telle une friandise à la cerise sur un bleu en camaïeu. Septembre chauffe les tuiles à blanc, mélange les teintes, s’amuse avec les parfums exprimés par l’été; terres brunes, raisins juste mûrissants.

Sa fiancée manipule les vestiges…………. Si gracieuse, jambes de gazelle, perturbante Taillelauquedans sa tenue de naïade. Greg s’étire, finit le verre de vin entamé avantVan vert la sieste. Une demie heure après, ils sont sur la piste en zigzag dans leur van vert pour aller à la plage de Taillelauque au sud de Banyuls, une crique de rêve très fréquentée en été.

Ils chargent leur kayak de victuailles, d’une tente et de duvets pour fêter leur anniversaire de quatre ans ensemble. Ils arrivent à l’endroit pressenti, un kayakKayak identique au leur est déjà sur place. Ils voient plus loin un van identique au leur en miettes et fumant avec à l’intérieur un être. Greg essaye de porter secours et sent le brusque reflux de vapeur d’essence et discerne une étincelle. Il n’a pas le temps de hurler le ciel s’embrase sur la tête de Greg l’éjecte et l’aplatit.

Après le O, le M fut à son tour chassé de l’alphabet et le retour sur ce fil du rêve qui chambre d'hopitalemprunte la même voie menant à la suppression du a. Ce voyage laissant seulement vingt deux alphabets tout en constituant avec les quatre lettres enlevées le mot « coma » dans le quel Greg se plonge malgré son combat dans cette chambre d’hôpital, polytraumatisé, il n’a pas survécu à son accident de voiture. Il avait rejoint leur paradis.

L’auteur
Franck Thilliez est né en 1973 à Annecy, ingénieur en nouvelles technologies, il vit à Mazingarbe, petite commune proche de Béthune dans le Pas-de-Calais. Romancier, il est également scénariste et a coécrit, avec Nicolas Tackian, les dialogues du film de Pierre Isoard intitulé Alex Hugo, la mort et la belle vie : film inspiré d’un roman américain, Franck Thilliezrelocalisé en Provence pour l’adaptation à la télévision. Grand passionné de thriller à l’instar de 8 millimètres de Joel Schumacher, on en retrouve quelques clins d’œil dans ses romans. Franck Thilliez est membre du collectif d’artistes La Ligue de l’Imaginaire.
Après Conscience animale et Train d’enfer pour Ange rouge, son troisième roman La Chambre des morts est nommé au Prix SNCF du polar français 2007. Le succès rencontré depuis La Chambre des morts lui a permis de cesser son travail d’informaticien, pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Son roman Le Syndrome E sorti en octobre 2010 est le premier volume d’une série consacrée à la violence.
La Chambre des morts est adapté au cinéma en 2007 par Alfred Lot. Ses personnages récurrents sont le commissaire «Franck Sharko» apparu seul dans train d’enfer pour Ange rouge puis Deuils de miel, et l’inspectrice «Lucie Henebelle» découverte Angor, Pandemia, et Sharko. Sharko est son dernier roman dans le quel le commissaire «Franck Sharko» et l’inspectrice «Lucie Henebelle»enquetent sur eux-mêmes.