Dans un rapport publié ce jeudi, le think tank Terra Nova donne ses pistes pour une alimentation durable composée essentiellement de protéines végétales.

Terra Nova.jpg

L’alimentation ne peut être durable sans changements. Le constat de Terra Nova est évident, d’où la proposition du think tank de changer nos habitudes en consommant différemment. Dans son rapport « La viande au menu de la transition alimentaire » publié ce jeudi, le laboratoire d’idées orienté à gauche propose « un nouvel équilibre entre nos traditions alimentaires, nos exigences sanitaires, nos impératifs environnementaux et nos intérêts économiques ».

L’objectif: passer d’un régime aujourd’hui composé de deux tiers de protéines animales et un tiers de protéines végétales à l’inverse, au cours des vingt prochaines années, en divisant par deux nos consommations de poisson et de viande. « Notre objet n’est pas de condamner en soi la consommation de viande », précise le think tank. « Ce nouvel équilibre commande une réduction quantitative et une amélioration qualitative de la viande que nous consommons. »

Pour cela, Terra Nova émet plusieurs pistes, réparties en onze propositions. A la carte: une nouvelle politique de restauration scolaire, un meilleur étiquetage des produits ou encore un contrôle des distributeurs automatiques.

Des propositions pour l’alimentation des enfants

Selon Terra Nova, la transition alimentaire ne peut se faire que sur un temps long, en changeant notamment les habitudes alimentaires des individus. Le think tank propose de donner les clés des nouvelles façons de se nourrir aux citoyens de demain: les enfants.

Des options végétariennes dans les cantines

La première proposition consiste à généraliser l’option « repas alternatif végétarien » et l’imposition d’un jour végétarien par semaine – en s’assurant qu’il respecte « des règles nutritionnelles strictes »- dans les cantines scolaires des collèges et lycées. Pour autant, Terra Nova préconise de ne pas négliger les écoles primaires. « C’est souvent avant l’adolescence que les habitudes alimentaires peuvent être le plus facilement infléchies », assurent les membres de Terra Nove. « C’est pourquoi il nous semblerait raisonnable d’imposer, pour commencer, un jour végétarien toutes les deux semaines dans le primaire », note l’organisation, qui avance par ailleurs que cette disposition réglerait les débats sur les interdits alimentaires dans les cantines scolaires.

Mieux former les cuisiniers et mieux informer les parents

Pour que cette première proposition fonctionne, le think tank recommande aux personnels de cuisine « d’en communiquer le goût aux convives ». Mais aussi de mieux informer les parents des très jeunes enfants, car c’est « aux premiers âges de la vie que se joue une grande partie de la formation du goût et des équilibres alimentaires ». Quant aux parents d’élèves, « il faut à la fois pouvoir les rassurer sur la qualité et l’origine des produits servis à leurs enfants et les informer en direct sur l’intérêt d’une alimentation plus végétale », ce qui passe par la mobilisation des communautés éducatives locales.

Un affichage clair de la qualité des produits

L’idée est de se concentrer sur la perception de l’alimentation végétale, dont certains éléments peuvent être valorisés, mais aussi sur les effets néfastes des produits issus d’animaux de basse qualité.

Changer l’étiquetage alimentaire

Sans multiplier les initiatives, ce qui provoque de la confusion chez les consommateurs, Terra Nova propose de mentionner visiblement le mode d’élevage et d’abattage des animaux, à l’instar de la classification des oeufs -notés de 0 à 3.

Mieux valoriser les végétaux

En utilisant les signes officiels de la qualité et de l’origine (SIQO), de type AOC ou AOP, qui protègent peu les produits végétaux « issus de traditions et de techniques locales », à l’exception du vin. Ces signes « présentent l’intérêt d’ancrer des produits riches en protéines végétales (lentilles du Puy, coco de Paimpol, etc.) dans des traditions et des terroirs, c’est-à-dire aussi dans un imaginaire, et de les transformer en actifs symboliques ».

Inciter les pouvoirs publics à promouvoir une meilleure alimentation

Les pouvoirs publics, au travers de campagnes et de recommandations, ont un effet direct sur l’alimentation, d’où les requêtes du think-tank.

Pousser les organismes publics à promouvoir les protéines végétales

Rompre avec l’idée qu’un vrai repas est composé de viande n’est pas une mince affaire, d’où la proposition de Terra Nova de pousser les organismes publics à mettre en garde contre les risques d’une surconsommation de viande et de souligner l’intérêt des protéines végétales. « Le plat végétarien doit sortir de la situation de discrimination dans laquelle il est aujourd’hui tenu de façon à être ‘anobli’. »

Mettre en cohérence recommandation alimentaire et environnement

Le groupe de réflexion demande également à ces organismes de s’ouvrir aux enjeux environnementaux, et qu’ils cessent de se focaliser uniquement sur le rapport nutrition/santé. Il propose ainsi de mettre en cohérence le programme national nutrition santé et le Plan national santé environnement (PNSE), « qui aborde peu l’alimentation ».

Mieux contrôler les distributeurs alimentaires

L’accès à la nourriture de mauvaise qualité a considérablement augmenté ces dernières décennies, principalement à cause de la prolifération des distributeurs automatiques, qui est « l’un des facteurs de dégradation de notre régime alimentaire ». Installés dans les espaces publics (gares, rues, administrations publiques…) et lieux de travail, les distributeurs proposent principalement des produits riches en calories vides, c’est à dire saturé en sucres et graisse ajoutées. « Si la pertinence même de ces distributeurs pose question, leur contenu devrait au moins faire l’objet d’une attention particulière de la part des décideurs concernés », notamment des pouvoirs publics qui ont déjà décidé de leur interdiction dans les établissements scolaires il y a une dizaine d’années.

 

Banque mondiale – Eau.

EauL’essor démographique et la croissance économique n’ont jamais autant pesé sur les ressources en eau. En se basant sur les pratiques actuelles de consommation, on estime que la planète sera confrontée d’ici 2030 à un déséquilibre de 40 % entre l’offre et la demande mondiale en eau.

La santé, l’alimentation, la production d’énergie, la gestion de l’environnement et la création d’emplois en sont éminemment tributaires. La disponibilité et la gestion de l’eau ont un impact sur de nombreux aspects, de la scolarisation ou non des filles défavorisées à la salubrité des villes ; elles jouent également sur la capacité de résistance d’industries en essor ou de villages pauvres face à des situations d’inondation ou de sécheresse.

La sécurité hydrique figure toujours au nombre des principaux risques mondiaux (a) en termes d’impact sur le développement et elle jouera un rôle essentiel dans la réalisation des Objectifs de développement durable. En effet, la communauté mondiale ne sera pas en mesure de relever les défis du développement de notre siècle — développement humain, villes vivables, changement climatique, sécurité alimentaire, sécurité énergétique — si elle ne parvient pas à améliorer la gestion des ressources en eau et à garantir l’accès à une eau saine et à des services d’assainissement.

Or la sécurité hydrique demeure un défi pour de nombreux pays en proie à des difficultés importantes dans le secteur de l’eau et qui touchent tous les pans de leur économie. L’essor démographique et la croissance économique n’ont jamais autant pesé sur les ressources en eau. En se basant sur les pratiques actuelles de consommation, on estime que la planète sera confrontée d’ici 2030 à un déséquilibre de 40 % entre l’offre et la demande mondiale en eau. Aujourd’hui, 70 % des prélèvements en eau sont consacrés à l’agriculture. Pour nourrir 9 milliards d’êtres humains à l’horizon 2050, la production agricole devra augmenter de 60 % et les prélèvements en eau de 15 %. Par ailleurs, nos Eau 1besoins en eau pour la production d’énergie sont voués à croître, sachant que 1,3 milliard de personnes sont encore privées d’accès à l’électricité. Enfin, plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement en ville et ce processus d’urbanisation s’accentue rapidement. Et comme les nappes phréatiques s’épuisent plus vite qu’elles ne se reconstituent, près de 1,8 milliard de personnes vivront en 2025 dans des régions ou des pays qui connaîtront une pénurie d’eau absolue.

Un rapport de la Banque mondiale (a) publié en mai 2016 indique que la raréfaction des ressources en eau, exacerbée par les changements climatiques, pourrait entraîner dans certaines régions un recul de 6 % du PIB, une hausse des flux migratoires et le déclenchement de conflits. L’effet cumulé de l’essor démographique, de l’accroissement des revenus et de l’expansion des villes se traduira par une augmentation exponentielle de la demande en eau, alors que l’approvisionnement hydrique devient plus inégal et plus aléatoire.

Tout ceci survient dans un contexte où le dossier crucial de l’accès aux services d’eau et d’assainissement est toujours en souffrance. En dépit de progrès remarquables Eau 2.jpgaccomplis ces dernières décennies, 2,4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des installations sanitaires correctes, et un milliard d’entre elles défèquent à l’air libre. Au moins 663 millions de personnes sont en outre toujours dépourvues d’un accès à une eau potable de qualité. Chaque année, près de 675 000 personnes décèdent prématurément en raison d’installations sanitaires insuffisantes, d’une eau insalubre et du manque d’hygiène. Dans certains pays, cette situation se traduit par un manque à gagner annuel qui peut représenter jusqu’à 7 % du produit intérieur brut.