Pascal Lamy: «Maurice a régressé en termes de sécurité intérieure…»

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Dans un entretien exclusif à L’express Maurice, Pascal Lamy, membre du board de la fondation Mo Ibrahim, confie que même si Maurice est une référence en matière de bonne gouvernance, une dégradation de certains critères liés à celle-ci a été notée, dont l’État de droit.

Il explique que le recours aux réseaux sociaux pour rendre publics les résultats de son 11e indice de la fondation Mo Ibrahim est lié au fait que la problématique de la bonne gouvernance en Afrique est d’un intérêt capital pour sa population, dont 50 % sont constitués de jeunes de 26 ans. Ainsi, la fondation a voulu intéresser les jeunes à ces sujets, il n’y a pas de meilleures plateformes que les réseaux sociaux auxquels s’adonnent massivement les jeunes d’aujourd’hui.

Il a aussi fait état de la particularité de cet indice par rapport à ceux produits par d’autres  institutions comme Transparency International ou Ease of Doing of Business de la Banque mondiale dans la mesure où Mo Ibrahim est un indice composite comptant une centaine d’indicateurs issus de 36 institutions recueillant des données indépendantes d’Afrique et du monde entier. L’indice couvre des indicateurs liés à l’organisation des élections, à l’accès à la justice et à l’emploi ainsi qu’au système de l’éducation en général.

À bien des égards, l’indice Mo Ibrahim demeure un outil d’analyse très riche, publié à partir de sources d’informations publiques vérifiées.  Cette édition de 2017 démontre l’évolution de la gouvernance globale sur le long terme en Afrique, soit la période couvrant 2007 à 2016, ainsi, la trajectoire de bonne gouvernance a connu un net ralentissement au cours de la seconde partie de la décennie.

Il fait remarquer que Maurice,  tout en restant une référence en Afrique en matière de bonne gouvernance, avec sa démocratie vivante et son système politique. Ce qui explique sa position de lauréat dans le continent, sur d’autres critères, il y a eu une dégradation, notamment la sécurité intérieure, l’État de droit ou encore l’égalité économique. Pour remédier à cette  régression constatée dans certains critères, il invite le pays à se mettre au travail pour améliorer sa performance.

Pour Monsieur Lamy, l’économie mondiale va bien. La crise de 2008 a purgé le système en introduisant davantage de régulation du secteur financier. Des risques moins forts qu’avant subsistent dans le secteur financier. Il est préoccupé par la politique et particulièrement de  l’Amérique de Donald Trump  qui a favorise des tensions géopolitiques à l’échelle mondiale.

Pascal Lamy  un Européen engagé

Énarque, Pascal Lamy a servi en tant que directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pendant 8 ans. Par la suite, en 2013, il a entamé une carrière de consultant auprès de nombreuses institutions internationales. Il est connu à Maurice comme étant celui qui a fait tomber Jayen Cuttaree qui était aussi candidat au poste de . directeur de l’OMC, en 2005. Âgé de 70 ans, l’ex-commissaire européen a été conseiller de l’ancien ministre de l’Économie et des finances, Jacques Delors, après l’avènement de la gauche en 1981.

Indice: au 1er rang en gouvernance globale

La fondation Mo Ibrahim, basée à Dakar, a publié, lundi, l’indice 2017 Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique. Celui-ci indique que Maurice, avec un score de 81,4 sur 100, se classe au 1er rang en Afrique en gouvernance globale. Le pays devance ainsi 54 pays. Son meilleur score est dans le développement humain (86,1) et son score le plus faible est en participation et droits humains (77,5). Selon le rapport, Maurice a atteint un score supérieur à la moyenne africaine (50,8) et à la moyenne régionale pour l’Afrique australe (58,6). Cependant, Maurice reste mauvais élève dans d’autres catégories, dont la corruption dans les services gouvernementaux et la création d’emplois.

Institut Montaigne – Réforme de l’assurance chômage proposée par Emmanuel Macron : vous personnellement, y êtes-vous favorable ou opposé ?

 

74 % des Français sont favorables à l’ouverture de l’assurance chômage aux salariés démissionnaires sous conditions

Tous les mois, ELABE interroge les Français pour Les Echos, l’Institut Montaigne et Radio Classique sur un sujet d’actualité économique ou de société.

Invités à se prononcer sur l’ouverture de l’assurance chômage aux salariés démissionnaires sous conditions, 74 % des Français y sont favorables et 26 % y sont opposés. Dans le détail, 15 % d’entre eux sont « très favorable » et 59 % « plutôt favorable » à cette réforme. A l’inverse, 20 % y sont « plutôt opposé » et 6 % y sont « très opposé ».

La majorité des Français, quel que soit leur âge apporte un soutien à cette proposition, même si les plus âgés sont les moins enthousiastes (64 % auprès des personnes âgées de 65 ans et plus). Les catégories sociales moyennes (78 %) et populaires (80 %) sont les plus favorables à cette réforme. Les cadres sont 73 % à soutenir cette proposition.

Si l’ensemble des électorats adhèrent majoritairement à cette idée, elle obtient un soutien encore plus large auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (83 %) alors que les électeurs de François Fillon (69 %) et de Marine Le Pen (64 %) sont plus mesurés.

Ouverture de l’assurance chômage aux indépendants: 87 % des Français y sont favorables.

Dans le détail, 27 % d’entre eux y sont « très favorable » (taux particulièrement élevé) et 60 % « plutôt favorable ». A l’inverse, 13 % des Français sont opposés à cette proposition, 11 % sont « plutôt opposé » et 2 % d’entre eux y sont « très opposé ».

Cette proposition fait la quasi-unanimité auprès de l’ensemble des catégories de population sociodémographiques et professionnelles.

L’ensemble des principaux électorats apportent un soutien à cette réforme et particulièrement les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron (91 %), de Jean-Luc Mélenchon (90 %) et de François Fillon (89 %).

Près de 8 Français sur 10 favorables à l’instauration d’un bonus/malus qui pénaliserait les entreprises faisant trop souvent appel aux contrats courts.

L’instauration d’un bonus/malus qui pénaliserait les entreprises faisant trop souvent appel aux contrats courts est plébiscitée par les Français : 81 % y sont favorables (dont 31 % « très favorable »). A noter qu’avec près d’un tiers des Français qui affirment très nettement leur adhésion, il s’agit d’un taux particulièrement élevé. A l’inverse, 19 % réfutent cette idée (dont 3 % « très opposé »).

Les catégories sociales moyennes adhèrent encore davantage à cette proposition : 92 % y sont favorables.

D’un point de vue politique, les électeurs d’Emmanuel Macron (89 %) et de Jean-Luc Mélenchon (86 %) sont ceux qui expriment leur plus forte adhésion alors que ceux de François Fillon sont légèrement plus mesurés (74 %).

Radiation de l’assurance chômage des demandeurs d’emploi refusant deux offres d’emploi « raisonnables » : 63 % des Français favorables

L’adhésion à cette mesure est plus mesurée que les précédentes : 63 % y sont favorables contre 37 % qui y sont opposés. Dans le détail, 22 % des Français y sont « très favorables » et 41 % « plutôt favorables ». A l’inverse, 23 % y sont « plutôt opposés » et 14 % « très opposés ».

Si plus de 3 retraités sur 4 expriment un avis favorable (77 %), les actifs sont plus partagés (59 %). Au sein même de cette population, les catégories sociales populaires se montrent encore plus réservées (54 % « favorable », 46 % « opposé »).

D’un point de vue politique, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon rejettent majoritairement la radiation de l’assurance chômage des demandeurs d’emploi refusant deux offres d’emploi « raisonnables » (respectivement 60 % et 62 % y sont opposés).

A l’inverse, les électeurs d’Emmanuel Macron (80 %) et de François Fillon (82 %) y sont très majoritairement favorables. On notera que les électeurs de Marine le Pen, même dans une proportion moindre, se déclarent eux aussi favorables à cette mesure.

« Le travail est l’avenir de l’homme » de Nicolas Bouzou – Économiste et chroniqueur à l’Express- Edition de l’Observatoire

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C’est une ode au travail, l’auteur pointe du doigt l’irrationalité qui est mise en avant par les tenants de la fin du travail ou sa raréfaction ou le revenu universel. Le travail pour lui est profondément humain. Les animaux ne travaillent pas, ils vivent, cherchent de la nourriture, jouent et dorment, mais ils ne construisent pas un monde différent de la nature.

Le travail est le propre de la condition humaine, il évolue avec nous. Nous construisons et fabriquons des objets qui vont nous accompagner dans la transformation du monde. Ce qui explique que le travail change car notre besoin aussi change.

Ceux qui parlent de la fin du travail construisent et confortent leurs idées sur l’étude de 2013 menée par Carl Frey et Michael Osborne de  l’Université d’Oxford, selon la quelle 47% des emplois seront automatisés à l’horizon de 2034 aux états unis, tout en faisant remarquer que ce sont les emplois routiniers qui sont les premiers concernés ce que les économistes dénommaient « le progrès technique biaisé ». Les propos de JimYongKim directeur de la Banque Mondiale ciblant les pays nouvellement industrialisés et concluant que les deux tiers des emplois pourraient être détruits à cause de l’automatisation.ont aussi apporté de l’eau à leurs moulins. Force est de constater que les évolutions technologiques récentes comme l’intelligence artificielle conjuguées avec  une accumulation de données sans précédent(le big data) permettent d’automatiser des métiers moins routiniers qui concernent les classes moyennes. Ce ne sont plus les métiers d’en bas qui sont visés mais ceux du milieu. Cependant un peu de précaution est nécessaire, il suffirait que la création d’emploi nouveau puisse compenser la perte des anciens métiers, ce qui laisserait dire que théoriquement la destruction des emplois routiniers n’impactent pas sur le chômage et n’est pas un problème macro économique. Une politique économique saine doit libérer les créations d’emplois et non entraver les destructions. Les économistes du travail ont tendance à dire que la destruction des emplois constitue un signe de bonne santé économique et de progrès.

Cette étude oxfordienne fut elle de qualité, toutefois, elle entretien une confusion entre taches et métier. La technologie peut avoir trois conséquences sur le travail :

  • – Elle peut remplacer totalement un emploi, parce qu’elle l’automatise. C’est le cas des liftiers aux états unis depuis les années 1950.
  • Elle peut faire disparaitre des tâches à l’intérieur d’un métier qui survit, les secrétaires ne font plus de sténographie mais organise des agendas, accueillent des clients et s’occupent de l’administration générale, on les appelle des office managers. Les concierges n’ouvrent plus la porte des immeubles mais veillent à entretenir un climat de vie agréable, ce qu’aucune technologie ne fera jamais.
  • Elle peut faire disparaître un produit et les métiers qui lui sont associés, l’automobile a tué les métiers liés aux fiacres et l’électricité a signé la mort des allumeurs de réverbères. Il n’existe plus de fabricants de machines à écrire. C’est le cœur de la théorie schumpétérienne de la destruction créatrice.

L’histoire nous montre que la majorité des emplois ne sont que partiellement automatisables. L’étude de McKinsey Global Institute sur 46 pays représentant 80% de la force de travail mondiale a trouvé  que moins de 5% étaient susceptible d’être entièrement automatisés et que 60% comprenaient des tâches automatisables. Quand le remplacement par la machine est total, le nombre d’emploi dans la profession diminue mécaniquement, ainsi les poinçonneurs et les lavandières ont totalement disparu de nos villes. Ce n’est pas le cas, lorsque seule une partie des taches est remplacée par l’automatisation. L’emploi peut diminuer ou augmenter, ainsi l’introduction du métier à tisser n’a pas réduit le nombre de tisserands au XIXème siècle. L’automatisation permet des gains de productivité qui permettent de baisser les prix, exemple les vêtements. Une demande élastique au prix, entraîne une augmentation de la demande, la technologie permet d’attirer des nouveaux consommateurs et l’activité se développe entraînant l’ouverture de nouvelles usines et magasins.

L’auteur

Nicolas Bouzou.jpgNicolas Bouzou, est un essayiste français libéral spécialisé dans l’économie. Il est diplômé de l’université Paris-Dauphine et a un master de finance de l’IEP de Paris. Il a été pendant six ans analyste en chef de l’institut de prévisions Xerfi. Il a depuis 2006 fondé sa propre entreprise, Asterès, une société d’analyse économique et de conseil.